lundi 14 mars 2016

TDM 04 Indonesia - Comme des coqs... Ampat (3/5)


Notre troisième et dernière étape en Indonésie nous amenait sur les îles de Raja Ampat, un territoire loin de tout, bien connu des amateurs de plongée, et évidement difficile d’accès comme tous ces lieux incroyables d'Asie. Le programme était simple : rejoindre notre guest house en pension complète (ou presque) sur une petite île et vivre d'amour et d'eau salée, un programme de coqs en pâte à Raja Ampat !


Une introduction géographique s'impose, tant les noms des pays, provinces, et îles sont similaires. Voici ce que l'on appelle la Nouvelle-Guinée, une grande île (troisième plus grande île au monde après l'Australie et le Groenland), partagée entre deux pays, la Papouasie-Nouvelle-Guinée à l'ouest, et l’Indonésie à l'est. La partie indonésienne est elle-même divisée en deux provinces, la Papua Barat en bahasa (West Papua en anglais, Papouasie occidentale en français), et la Papua (same-same en anglais, Papouasie en français). Raja Ampat est le nom donné à l'ensemble d'îles situées à l'ouest de la Papua Barat, et ces îles font bien partie de cette province indonésienne, non visibles sur cette carte, car elle ne traite que de la Nouvelle-Guinée. Vous me suivez ? Avant, il n'y avait qu'une seule province appelée Irian Jaya, mais le gouvernement indonésien en a décidé autrement en 2003. C’était la plus grande province d’Indonésie, représentant plus de 20% de la superficie du pays. Pour la petite histoire, l’Indonésie a annexé cette province en 1969, autrefois sous bastion hollandais. Quelles sont les raisons de cette main-mise sur ce territoire qui n'a rien en commun avec l’Indonésie, les Papous étant mélanésiens ? Les ressources naturelles bien évidement. Cette partie Ouest de la Nouvelle Guinée est riche, extrêmement riche en gaz naturel (les britanniques de BP), en cuivre et en or (l’américain Freeport, exploitant notamment la plus grande mine d'or au monde, Grasberg), et en plus de provoquer des dégâts écologiques irréversibles, rien ne profite aux Papous. L’Indonésie fait tout pour étouffer cette revendication d’indépendance, afin de conserver son joyaux lui fournissant une très grande partie de son PIB. Pendant plus de 50 ans, les autorités indonésiennes ont bloqué l’accès aux médias et aux organisation de défense des droits de l'homme. Le gouvernement en ayant forcé la migration des Indonésiens venant de provinces surpeuplées, contribue à une colonisation au détriment des Papous, aujourd'hui devenus minoritaires sur leurs terres. En plus de perdre l'avantage du nombre, les Papous sont considérés comme des citoyens de seconde zone par les Indonésiens, et subissent au quotidien cette situation, les Indonésiens contrôlant les commerces, administrations et tous les rouages de la société.
Passage géopolitique terminé, nous ne nous sommes pas aventurés en terres Papoues (tous ceux que nous avons vus n'avaient pas d’étui pénien en bambou). Dernière précision géographique : le nom de Nouvelle Guinée a été donné par l'explorateur Espagnol Ynigo Ortiz de Retes, lors de son voyage en 1545. Il trouva que les habitants de l'île ressemblaient à ceux de... Guinée, en Afrique. Et sans vouloir faire d’anthropologisme amateur, nous avons aussi trouvé une ressemblance avec les physiques africains.


Partant d’Indonésie, nous avons mis quasiment une journée entière pour rejoindre notre pension sur Raja Ampat et le voyage fut loin d’être de tout repos. Notre long périple commença le 26 novembre de l’an de grâce 2015 vers 15h quand nous partîmes à pied de notre hostel pour prendre l’avion depuis le terminal domestique de l’aéroport de Bali. Notre premier vol Garuda-Garuda décollait à 17h30 pour atterrir à 19h à Makassar. Au passage, nous avons pu découvrir cette ville de plus de 2.4 millions d’habitants avec son agglomération, capitale de la province du Sulawesi du Sud, et accessoirement 5e plus grande ville du pays (après Jakarta, Surabaya, Bandung et Medan). Notre escale fut longue, bien longue puisque nous sommes restés dans l’aéroport pendant plus de 8h en attendant notre second vol pour Sorong, qui était prévu pour 3h15 du matin. Quelle idée de mettre un vol au milieu de la nuit, je vous le demande. Au petit matin, après 3h de vol, nous sommes arrivés à 6h30 le vendredi 27 novembre à Sorong. Nous avons ensuite pris un taxi qui nous a amené à la jetée de la ville, d’où nous avons pris un premier bateau à 9h en direction de Waisai. Le trajet sur l’eau dura un petit peu plus de 2h, pendant lesquelles nous avons sympathisé avec un couple de français vivant en Indonésie et tenant un hôtel sur Bali. Nous débarquâmes du ferry accueillis par un grand soleil et nous allâmes nous acquitter des formalités touristiques, à savoir l’achat du pass pour le parc maritime de Raja Ampat, pour la modique somme d'un million de roupies par personne (environ U$77). 


Notre chemin de croix de transport n’était pas terminé puisqu'il nous fallait maintenant rejoindre notre pension, chose que nous avons faite à l'aide d'une petite barque à moteur, en environ une heure sous le cagnard. Le dénouement était proche.


Et enfin, après avoir pris deux avions, un taxi, un ferry, et une dernière coque de noix, après avoir attendu plus de dix heures pendant nos escales, enfin, nous nous apprêtions à poser nos sacs à dos sur la petite île de Gam pour ne plus en repartir (pour au moins quelques jours).


Le homestay Kordiris était comme nous l'attendions : calme et loin de tout, mais surtout les pieds dans l'eau. Une eau transparente offrant des reflets bleu-vert selon la profondeur, bordée par une plage de sable fin et chaud, sur fond de forêt tropicale digne de l'ile au trésor.


Notre " hutte " de Robinson était basique, composée d'un matelas en mousse posé à même le sol fait de planches de bois, le tout recouvert par une simple moustiquaire, avec un petit meuble pour poser quelques affaires, et puis voilà. Par chance, les 2 autres chambres de la cabane n’étaient pas occupées et nous avons profité de ce grand espace pour nous tout seul.


Outre les activités aquatiques (que nous aborderons dans le prochain article), il était possible de partir en exploration dans la foret voisine. Sur le chemin, une ondée de papillon s'affairait autour d'une plante en décomposition.


L'attraction principale de la forêt, c’était lui : le paradisier rouge, aussi connu sous le nom de red bird of paradise en anglais dans le texte. Il fallait beaucoup de patience, un peu de chance et de bonnes cervicales pour espérer apercevoir cet oiseau majestueux, espèce endémique de la région et seulement présent sur certaines îles de Raja Ampat, dont Gam.


Avec le zoom de mon appareil poussé au maximum, tout en étant moi-même grimpé sur un tronc pour gagner 1m50, voici ce que l'on voyait. Perché en haut d'une branche, ce mâle effectuait une parade nuptiale pour espérer séduire une femelle et ainsi continuer le cycle de la vie. Sur l'image, vous pouvez voir les deux oiseaux en détail, le mâle étant à droite. La scène avait lieu tôt le matin et sur les coups de 17h.


Sur le chemin du retour, nous avons croisé un crabe des bois !


L'île regorgeait de vie sauvage, et de nombreux oiseaux et reptiles avaient depuis longtemps pris possession des lieux. Alors qu'ils tournaient dans les feuillages depuis un petit bout de temps, je réussi à prendre au vol ce couple de calaos bicornes (aka great hornbill). Sur l'image de gauche encore, vous pouvez admirer un mâle, reconnaissable à son iris rouge foncé. Sous cet angle là, on comprend aussi pourquoi il s'appelle bicorne.


Les amis à plumes occupaient le premier plan, mais les reptiliens n’étaient pas en reste pour autant, comme vous le voyez avec ce premier gecko aperçu au dessus de la lampe extérieure de notre cabane, près à me bondir dessus ! Ou encore ce joli lézard vert sur le dos et jaune sur le ventre, lui aussi très bien dissimulé dans le décor.


Chaque moment de la journée apportait son lot de couleurs incroyables, et les soirées étaient particulièrement agréables, quand le ciel rosissait et que l'eau prenait des reflets vert-rose.


Comme toute bonne chose, il y avait une fin et après avoir ajouté 5 plongées à notre carnet, vu de nouvelles espèces marines et partagé de bons moments avec les autres Robinson notamment pendant nos repas communs, nous devions reprendre le loooong chemin du retour, sans savoir que l’Indonésie nous réservait une dernière surprise pour notre départ. Prochain article : TDM 04 Indonesia - Contre-plongées en eaux Indonésiennes (4/5)


Petit extra si vous souhaiter en savoir plus sur les sublimes oiseaux du paradis et avoir un léger aperçu de quelques unes de leurs 39 espèces.


Extra de l'extra, les danses des oiseaux de paradis sur fond musical. J'avais trouvé une autre version featuring la musique Summer Lovin' de Chris Montana mais elle n'est plus disponible sur Youtube :( Enjoy !


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