Méconnue des touristes, l'ile de Flores est une destination de premier choix pour les amoureux de la nature, de la plongée, des treks, des volcans et des lacs, des épices et de l'alcool de palme. Mais alors, comment se fait-il qu'une telle ile ne soit pas plus courue ? Mystère et boule de riz. Nous en tout cas, on ne s'est pas privé de l'explorer pendant une dizaine de jours. Bienvenue sur Flores, le paradis sur terre... enfin, en Indonésie.
Au même titre que Bali, Flores fait partie des Iles sous la Sonde. Elle se trouve à l'Est de Bali, juste avant le Timor. Flores signifie " fleurs " en portugais, et tire son nom de l’époque coloniale. En effet, les Portugais ont été les premiers européens à atteindre ces iles Indonésiennes. Au dernier recensement de 2010, Flores comptait environ 1.8 million d'habitants, repartis sur un territoire de 14,300 km². L'ile mesure environ 450km de long, sur une cinquantaine de kilomètres de large à l'Ouest. Nous atterrissions à Labuan Bajo pour y passer plusieurs jours sous l'eau (pas la pluie :), puis nous avions pris un guide-chauffeur pour les quatre jours de visite restants, afin de nous amener jusqu’à Ende la bien nommée où nous terminions notre visite.
La première étape sur Flores était entièrement dédiée à la plongée. Plusieurs de nos amis nous avaient en effet chaudement recommandé d'y passer du temps, compte tenu de la diversité marine établie à cet endroit. Nous avions donc décidé de nous accorder une halte sur Labuan Bajo, capitale locale de la plongée.
Et puisque nous souhaitions découvrir de nouvelles choses, nous avions choisi de passer 4 jours à bord d'un bateau de plongée, plus communément appelé liveabord. Quatre jours et trois nuit sur un bateau, avec 7 autres plongeurs, 4 instructeurs, et presque autant de personnel de bord pour faire vivre cette expédition. Nous nous sommes régalés dans tous les sens du terme, par les plongées, par les lieux visités, et surtout avec la nourriture proposée par le chef que nous avions à bord. Des plats variés, originaux et surtout savoureux, le tout réalisé dans la cuisine de 6 mètres carrés d'un bateau.
En plus de la plongée, nous avions une excursion dans le parc national de Komodo sur l'ile de Rinca pour aller voir de plus près ce qui reste des descendants des dinosaures, les terrifiants dragons de Komodo.
Je plaisante à moitie en disant terrifiants dragons, car malgré leur air pataud, ces véloces reptiles peuvent déplacer leur grande carcasse et sprinter vers vous à plus de 20km/h. Leur corps peut mesurer jusqu’à 3 mètres de long chez les mâles, et peser plus de 70kg. Ils chassent principalement des biches, des oiseaux, et des mammifères (pouvant aller jusqu'aux buffles d'eau !). Le dragon de Komodo vise principalement la gorge de sa proie, tandis qu'il lui lacère le ventre avec ces puissantes griffes. Et si la malheureuse bête chassée ne succombe pas aux coups portés, le dragon n'a pas besoin de plus se dépenser car sa salive contient assez de bactéries pour tuer en quelques heures/jours (E. coli, Staphylococcus sp., Providencia sp., Proteus morgani, and P. mirabilis entre autre). Et si cela ne suffisait pas, il a été récemment découvert que le dragon de Komodo possède également des glandes à venin. Vous êtes prévenus !
Et pourtant, ne dirait-on pas un brave toutou, qui n'attend qu'une chose, qu'on lui gratte le dos ? Méfiez vous du lézard qui sommeille, plusieurs cas d'attaques mortelles ont été recensées depuis 2007, et d'autres morsures ont été portées à des hommes vivant à proximité de ces animaux d'un autre temps.
Encore une fois, la chance était avec nous puisqu'en plus du groupement de dragons vus sous les cabanes du village de rangers, nous en avons vu 2 autres en liberté, se promenant dans le parc. Ici, vous pouvez voir les nids qu'ils utilisent.
Chose unique sur l'ile de Flores, voici les rizières en toile d’araignée de Cancar. Un complexe système d'irrigation alimente chaque partie de la toile, donnant des parcelles aux reflets de couleurs tous différents.
Une précision importante, Flores ayant été occupée par des Portugais, c'est l'une des rares iles Indonésienne à être de confession chrétienne. En quoi est-ce important de le préciser ? Essayez de comprendre ce que fait cet équilibriste sur son palmier, et passez à la photo suivante.
Sur Flores, on trouve ni plus ni moins que de l'arrack*, l'alcool de palme ! La production est très artisanale et ne dépasse souvent pas les limites de l'ile, c'est pour cela que cet alcool n'est pas plus répandu que cela. Voici le processus de fabrication comment je l'ai compris : 1) on récolte les fruits des palmiers que l'on presse et que l'on laisse fermenter pour obtenir un jus, 2) on passe ce liquide dans une sorte de récipient fermé, que l'on chauffe au feu de bois (photo du milieu), 3) avec la chaleur, l'eau se réduit, le liquide fermenté se concentre en alcool et s’évapore, puis il ressort au compte-gouttes grâce à de long morceaux de bambous, pour finalement atterrir dans un récipient au bout de la chaine. Une distillation unique puisque le processus n’est effectué qu'une seule fois.
Voici une vue d'ensemble de l'alambic indonésien
Une fois le produit passe au contrôle qualité (sic ! cf l'autocollant sur le bidon), il est conditionné en bouteille en plastique et mis en vente au bord de la route. A première vue, je pensais qu'il s'agissait de bidons d'essence, étant donné que c'est comme cela qu'on peut faire le plein de son scooter sur le reste de l’Indonésie. Pour avoir osé gouter le breuvage, je pense qu'il pourrait servir légitimement comme alternative crédible à l'essence dans un moteur à combustion interne. Par chance, je n'ai pas perdu la vue non plus, l'alcool frelaté faisant des victimes chaque année.
Puisque nous avions fait de Flores une destination axée autour de l'eau, nous en avons profité pour aller gouter celle des sources chaudes de Mangeruda, à 23 km de Bajawa. De l'eau chaude jaillissait au cœur de cette sorte de piscine naturelle, et il fallait entrer prudemment dans l'eau pour ne pas mettre en péril une éventuelle descendance.
Réputées pour leurs vertus curatives, les sources chaudes sont une vraie attraction pour les locaux, qui avaient apparemment d'autres priorités le jour de notre visite puisqu'il n'y avait personne. On n'allait pas s'en plaindre, le calme nous allait très bien.
Autre découverte de la région, le petit village Bena, lui aussi situé à quelques kilomètres de Bajawa.
Plusieurs maisons en bois avec des toits de paille forment un village pittoresque, qui a la particularité de voir pousser des curieuses statuettes au sommet de leurs maisons.
Le petit-déjeuner quatre étoiles depuis notre hostel de Bajawa, avec vue sur le stratovolcan Inierie. Ce n'est pas compliqué de faire bien les choses en Indonésienne avec tous les fruits à disposition, et cet hostel avait tout compris.
Le lendemain, nous sommes retournés mettre les pieds dans l'eau de Mangeruda dans ce confluent de sources chaudes, très chaudes et tempérées. La partie située à gauche de la source abreuvait le cours d'eau en eau fraiche, qui se transformait rapidement en eau chaude avec l'apport du cours de droite, qui lui était carrément brûlant. Les menuisiers du coin apportaient leurs planches de bois pour les exposer à la chaleur. Idem que pour les sources chaudes, il fallait y entrer avec précaution mais la baignade fut agréable.
Sur le bord de la route, les cailloux étaient trillés par forme et par couleur, probablement pour être revendus par la suite.
Clou du spectacle sur les terres de Flores, la découverte du volcan Kelimutu et de ses 3 lacs aux couleurs changeantes. Le parc national de Kelimutu est situé à une poignée de kilomètre de Moni, et à une cinquantaine d'Ende. Nous partîmes au petit matin pour pouvoir admirer le lever du soleil sur les cratères, et heureusement qu'il y avait des vendeurs de boissons chaudes afin de tenir jusqu'aux premières lueurs du jour.
Trois lacs séparés se situent au sommet du volcan, et selon les jours, leurs couleurs varient sans que la raison soit scientifiquement expliquée. Celui de gauche est le Tiwu Koo Fai Nuwa Muri (aka Lake of Young Men and Maidens, le lac des jeunes hommes et des jeunes files), et celui de droite s'appelle le Tiwu Ata Polo (Bewitched ou Enchanted Lake, le lac enchanté). Le premier est généralement vert, quand le second est supposé est rouge (il était vert fonce quand nous y étions). Comme vous pouvez le voir, la séparation entre les deux est très fine.
Le troisième lac était ensevelit par les nuages, et ne s'est découvert que plusieurs heures après notre arrivée sur les lieux. C’était assez drôle de voir ce voile de fumée flotter au dessus d'un cratère ressemblant a un chaudron de sorcière. Son petit nom est le Tiwu Ata Bupu (Lake of Old People, le lac des vieilles personnes), et il était également vert foncé.
Une vue d'ensemble des deux lacs, pris individuellement
Une pose devant le lac enchanté (ou lac des sorcières, selon les traductions) vient clore ce post sur Flores que nous quittions à regret après une dizaine de jours passés à parcourir la moitié ouest de l'ile. Moins connue que sa grande sœur Bali, Flores est en pleine transformation et la rénovation du réseau routier, entrepris depuis plusieurs années, pourrait porter ses fruits dans le développement touristique. Nous avons pu le voir au fur et à mesure de notre voyage, en comparant avec des blogs de voyageurs ayant tassé leurs vertèbres sur du mauvais macadam, là ou nous roulions sur un véritable billard parfois. Seul hic majeur, à part sur Labuan Bajo, on ne peut pas dire que nous ayons trouvé notre bonheur dans les restaurants de l'ile. Et cela n’était pas près de s'arranger avec notre troisième et dernière destination. Prochain article : TDM 04 Indonesia - Comme des coqs... Ampat (3/5)
Petit bonus musical avec Flores cape of Flower, morceau chanté et composé par l'artiste Indonésien Yvan Nestorman. La qualité de la vidéo est très mauvaise, dès que je trouverai un logiciel de montage qui tient la route, je posterai une nouvelle prise.
Déjà publié : TDM 04 Indonesia - Bali masques (1/5)
*arrack : boisson alcoolisée d'Asie du Sud Est, issue de la distillation de noix de coco, de riz, de sucre de cane ou de fruit. Si l'arrack que j'ai gouté venait du fruit du palmier, l'arrack Sri-lankais par exemple, est fait à base de noix de coco fermentée. A ne pas confondre avec l'arak méditerranéen, élaboré à base d'anis.
Merci de nous faire profiter de ces paysages insolites, je ne parle pas de la faune !
RépondreSupprimerBravo...c'est un reportage formidable. Je suis content....
RépondreSupprimerHello thanks for posting this
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