mercredi 24 août 2016

TDM 07 French Polynesia - Les bonus (4/4)


Non, tous les requins ne sont pas des tueurs sanguinaires, comme les productions hollywoodiennes veulent vous le faire croire. En vérité, il y en a même qui sont tellement sympathiques qu'ils en deviennent des aimants à poisson. Vous ne me croyez pas ? Alors suivez-nous dans notre dernier post sur la Polynésie Française, cet endroit où nager avec les requins, c'est le pied !



La raison de la présence française en Polynésie tient beaucoup à cela : la marine nationale. Comme pour la Nouvelle-Calédonie, cette collectivité d'outre-mer a un coût non négligeable pour l'Hexagone. Et si par le passé la possibilité de faire des essais nucléaires dans les atolls était un atout, aujourd'hui l'enjeu stratégique est celui d'assurer une présence militaire dans les eaux du Pacifique.


Pour notre première nuit en Polynésie, nous avons séjourné chez Luc, Laurence et Joris dans la chambre jaune d'une grande maison très conviviale. Malgré notre arrivée tardive, nous avons passé notre soirée à discuter longuement avec eux, des gens vraiment charmants. Le lien air BN-BN pour leur chambre est ici, n’hésitez pas à y aller si vous recherchez un logement authentique sur Tahiti.


Dans la presse locale, on trouve deux horoscopes : l'occidental et le ... Chinois ! Rat, coq, cochon, dragon, autant de signes qui reviennent tous les 12 ans. Quand nous étions là-bas, c’était encore l’année de la chèvre (rien à voir avec Pierre-Richard), et nous avons basculé depuis dans l’année du singe. La présence de cet horoscope s'explique par la mixité de la population polynésienne. En effet, plusieurs vagues d'immigration ont vu arriver des coolies, des Chinois importés de Hong Kong comme main d’œuvre à partir des années 1830, devant le refus des Tahitiens de travailler dans les exploitations agricoles. En 1866, on dénombrait un total de 1,010 chinois. La masse des premiers immigrants était composée de paysans pauvres, originaires de Canton et de ses environs : 85 % d'entre eux parlaient le Hakka et les autres le Punti. Aujourd'hui, l'ethnie chinoise Hakka est une importante composante de la population de Polynésie Française, et représenterait entre 5 et 10% de son ensemble. Sur la droite, la cartographie de Tahiti et notre positionnement dans Papeete donnait un œil brillant à cet île en forme de petit poisson.


Si l’année du coq est au coin de la rue, la journée du coq fut une réalité lors de notre visite au lycée agricole de Moorea. Et comme leurs copains du Belvédère, on ne peut pas dire qu'ils étaient très vaillants puisqu'ils déguerpissaient au moindre bruit. Bref, de vraies poules mouillées.


Des vaches laitières sous les cocotiers, en voilà un drôle de cliché ! Pas de fromage à l'horizon, ces vaches servent à produire du lait pour répondre à la demande locale et éviter de trop dépendre des importations. Pour les produits laitiers transformés en revanche, il faudra passer par des produits d'Australie, de Nouvelle-Zélande ou de France après un long voyage en avion.


La préservation du paysage tahitien est une lutte de tous les instants, et cela s'applique aux antennes téléphoniques, subtilement déguisées en palmiers ! Est-ce pour leurrer les habitants, ou bien pour réellement préserver cette particularité des paysages tropicaux, toujours est-il que celui-là avait perdu de son « palmage ».


Première réponse aux multiples questions des articles précédents pour savoir qui se cachait sous la masse noire de la photo du Lagoonarium, il s'agissait de François, le poisson-pierre. Bien que flasque et hideux, ce poisson est doté au sommet de son corps de 13 courtes épines dorsales reliées à des glandes à venin, qu'il peut dresser très rapidement pour piquer un éventuel agresseur et injecter ses toxines extrêmement puissantes. C'est le poisson le plus venimeux au monde, et ses épines sont si fortes et pointues qu'elles peuvent même percer une semelle de chaussure. La piqûre provoque un gonflement qui peut être important et parfois accompagné d'une coloration noirâtre ou bleuâtre, et de brûlures localisées. La douleur intense qu'elle suscite remonte dans tout le membre touché, pouvant entraîner une perte de conscience et dans certains cas la mort par arrêt cardiaque ou noyade. Son venin est un puissant neurotoxique qui paralyse les muscles et attaque le système nerveux.


Si ce premier poisson-pierre était dans un petit enclos, nous avons rencontré un autre poisson du même type, en la personne de ce poisson-scorpion à houppe (Scorpaenopsis oxycephala), que l'on distingue au centre de la photo, entre deux eaux. Pour ce snorkeling lors de notre expédition sur Tahaa, Harry nous avait confié des méduses, ces ravissantes sandales en plastique. L'eau était basse, le courant était fort, et il valait mieux les porter pour éviter de se blesser sur les coraux, ou sur les épines de ce genre de poisson. Entre les poissons-pierre et les poissons-scorpion, mieux vaut être prudent et bien regarder où vous posez les pieds dans les eaux polynésiennes.


Les eaux en bordure de lagon n’étant pas profondes, il est fortement déconseillé de tenter de piquer une tête la tête la première. Faire attention où l'on marche, faire attention à ne pas plonger, décidément il s'agit bien d'un paradis sur terre et pas sur mer. 


Dimanche matin, nous sommes passés devant un terrain vague sur Moorea où il y avait une concentration de pickups et de voitures en tous genres. La raison de cet attroupement ? Le messe, bien évidemment. Entre les expéditions de missionnaires britanniques et française, les religions se sont invitées dans les archipels polynésiens, au détriment des anciennes croyances aujourd'hui toutes disparues. Certains disent que ces nouvelles religions ont pacifié ce peuple guerrier, je pense plutôt qu'il s'agit de la bière.


En parlant de mythe polynésien, en voici un autre qui s'est évanoui avec le poids des années : celui de la vahiné. Le navigateur Bougainville, découvrant Tahiti, associe immédiatement la femme à la déesse Vénus. Il la décrit comme l'essence d'un amour libre et innocent, dans une nature paradisiaque et enflamme ainsi l’imagination des Européens. On nous avait dit que les femmes polynésiennes incarnaient le charme et la sensualité à l'état pur. Les seules vahinés de ce calibre que nous avons aperçues étaient celles des cartes postales de bon goût des années 80 et celles présentes sur les bouteilles de monoï. 


Car une chose nous a frappés en arrivant en Polynésie : l’obésité omniprésente des locaux. Dans beaucoup d'endroits, une grande partie de la population traînait plusieurs kilos sur la balance, sans toutefois se montrer plus inquiète que cela dans ses habitudes de consommation.


Comme en Nouvelle-Calédonie, le soda est roi dans ces contrées lointaines. On voyait les gamins ressortir les bras chargés de bouteilles à la couleur douteuse, comme ces bouteilles de sirop Singapour de la limonaderie de Tahiti. Drôle de nom me direz-vous !


Et quand ce n'est pas dans le verre, c'est dans l'assiette qu'il faut analyser les habitudes de consommation. Le plat de gauche est un sandwich au thon XXL que nous avons acheté sur la carte d'un restaurant sur Moorea. Nous ne nous attendions pas à voir arriver une baguette entière coupée en deux. Notre buffet de Bora Bora fut lui aussi particulièrement copieux, vu le peu de personnes qui participaient à cette excursion. Elle vient peut-être de là, la générosité polynésienne, de la quantité de nourriture servie.


Habitudes de consommation toujours, les grandes surfaces débordent de conserves et de boites, souvenir amical de l'occupation américaine pendant la seconde guerre mondiale. Comment expliquer sinon la présence de boites de Corned beef ? Le problème est plus vaste que cela, et sûrement plus complexe à résoudre. Une chose est sûre, l’activité physique des polynésiens a sévèrement chuté. L’arrivée des véhicules motorisés, des bateaux à moteur et d'autres inventions modernes encourageant à la sédentarité, ont changé les habitudes des locaux, qui n'ont pas forcement adapté leur coup de fourchette. Et quand qualité et quantité de ce qui est dans l'assiette (avec l'explosion de la nourriture industrielle) et dans le verre (entre soda sucrés et Hinano, la bière locale, coulant à flot) empirent, cela n'arrange rien.


Tout est plus grand en Polynésie, comme en atteste cette photo d'un avocat du jardin de nos hôtes sur Papeete. L’œuf était lui de taille normale. Seraient-ce les conséquences des essais nucléaires ? A droite, une magnifique fleur de fruit de la passion sortait du mur végétal de la maison de Moorea.


En Polynésie, on ne va pas au restaurant mais à la roulotte. De petits cabanons, parfois mobiles, sont souvent installés aux bords des routes des îles. Ils sont uniquement ouverts au moment du déjeuner et du dîner, et vous proposent des plats à emporter comme le fameux poisson cru à la tahitienne, des plats chinois (le chao men, un délice de pâtes chinoises au poulet et aux légumes). Les roulottes les plus sophistiquées possèdent quelques tables et chaises en plastique, et l'on vient y manger entre amis de larges portions pour un prix raisonnable. On retrouve un petit peu le concept des stalls ou des food courts asiatiques.


Je ne pouvais pas passer devant ce panneau d'Haapiti sur Moorea sans penser à notre grand cuisinier Joël Robuchon et sa célèbre devise.


Les gousses de vanille sont triées par poids, mais aussi et surtout par taille, les plus grands étant les plus chers. Pour se faire, elles passent sur une planche similaire à celle utilisée par la police pour ficher les criminels. Des gousses faisant plus de 20cm, de mémoire de consommateur averti, je n'en avais jamais vu dans le commerce. Cinq gousses de vanille, une seule courbée sur la droite, pas de coïncidence : il ne peut s'agir que de Keyser Vänillé !


Voici le deuxième inconnu qui se cachait dans les coraux : Paul, le poulpe ! Impressionnant de mimétisme et de camouflage, ce poulpe vira du rouge au jaune lorsque j’arrivai dans sa direction. Rois de l'adaptation, ils sont difficiles à percevoir, et quasiment impossibles à voir nager.


Et lorsque vous en serrez un d'un peu trop près, voilà ce qui se passe : il vous envoie un nuage d'encre au visage en guise d'avertissement. La plupart du temps, ce nuage noir sert aussi à faire diversion et à prendre la fuite sans que l'assaillant ne puisse voir dans quelle direction.


Quand vous demandez gentiment à une murène de sourire pour la photo, voilà le résultat :)


C'est l'histoire d'une rencontre improbable entre les dents de la mer et les rayures de la mer. Ces petites carangues royales ou carangues dorées (Gnathanodon speciosus) nageaient avec Pa-squale, le grand requin à pointe noire. On aurait dit qu'ils étaient comme aimantés à lui, le suivant dans chacun de ses mouvements, comme le petit rémora sous son ventre.


Voici un bien drôle de bateau le Poti Marara (inventé par Leonard Deane en 1962), pour un drôle de poisson, le Mahi Mahi. Ce bateau a la particularité de pouvoir se piloter d'une seule main à l'aide d'une sorte de manche à balais, pendant que l'autre main se tient prête à harponner le poisson. Le Mahi Mahi est le nom local de la dorade coryphène, ce poisson-athlète aux couleurs magnifiques, qui peut atteindre des vitesses dépassant les 50 nœuds. Cette espèce présente un dimorphisme sexuel : le mâle possède une bosse sur le front, donnant une forme carrée à sa tête, alors que la femelle a une tête ronde, et un corps plus fin. Regardez plutôt cette vidéo pour comprendre comment se passe cette pêche-chasse si particulière.




En Polynésie le hic, c'est le plastique, ou plutôt sa gestion sous forme de déchets. Et oui, ces petits coins perdus n’échappent pas aux nouvelles habitudes de consommation, où tout est emballé sous plastique, mis en conserve, ou encore produit à des milliers de kilomètres. Sur Raiatea, nous avons aperçu ces bornes de recyclage au beau milieu de nulle part. La mise en place des capacités de collecte pour le recyclage est une chose, sa bonne application est la face immergée de l'iceberg du développement durable.


Le gros carton rouge est pour notre guest house de Raiatea, qui profitait de la fin de journée pour brûler ses déchets en tous genres au fond de son terrain. En arrivant, une drôle d'odeur émanait du jardin, une odeur assez caractéristique de plastique brûlé. Intrigué, je partis en exploration pour tomber nez à nez avec ce brûlot infâme. Dans les îles lointaines, la gestion des déchets est plus que limitée, voire catastrophique. Mais dans une île comme Raiatea, faire soi-même cet acte est criminel car les déchets brûlés de la sorte émanent des rejets de polluants de type dioxine et furanne. Le reportage ci-dessous montre un petit peu plus l'envers du décor pour cet enjeu majeur, malheureusement toujours enfoui sous le tapis de sable blanc des priorités politiques.




On parle souvent des pirogues des Polynésiens, mais si vous comptez vous rendre dans les îles sous le Vent ou dans les archipels des Tuamotu ou des Marquises, il vous faudra utiliser l'avion. Nous avions 12 jours sur place, et nous aurions aimé aller faire un tour sur Fakarava ou Rangiroa, et faute de temps et aussi d'optimisation de notre budget, nous sommes restés sous le vent, souuuus le vennnnt.


Ahhhh, Bora Bora... Vue du ciel, depuis la mer, sous le niveau de la mer, on ne se lasse pas de regarder Bora Bora. Avec une vue du ciel et une carte de l’île, on mesure un peu plus l’entendue du lagon, ainsi que les différentes profondeurs du-dit lagon.


La montagne verte et la vue des bungalows cinq étoiles, voici les photographies les plus emblématiques de Bora.


Réponse au troisième quésaco, il s'agissait d'une structure pour suspendre les bateaux. N’étant pas marin professionnel, le seul intérêt que je vois à suspendre un bateau de la sorte est de le protéger des algues qui pourraient se déposer sur sa coque à la longue. N’hésitez pas à me donner d'autres raisons.


En bref, quelques choses insolites comme ces harpons vendus dans les grandes surfaces de Moorea, ce miel divin de Taputapuatea, ou encore ce poster des années 90 proposant les services du loveboat, l’activité typique des lunes de mieleurs.


Une chose tout bonnement inoubliable en Polynésie est la clarté de l'eau. Quand les conditions sont optimales, on peut voir jusqu’à 60m, 80m ou même 100m autour de soi. Imaginez nager dans le lagon et apercevoir des baleines se déplaçant gracieusement à une soixantaine de mètres en dessous de vous. Cela donne aussi une étrange sensation d’immensité et de vide à la fois. Je me suis amusé plusieurs fois à descendre en snorkeling pour me poser au fond du lagon quand elle atteignait les 12-15 mètres, puis à simplement lever la tête et regarder tout autour, avec uniquement du sable blanc à l'horizon... Incroyable !


Dernière inconnue des articles précédents, ce qui se cachait sur ce lit de sable blanc était une sole tropicale. Tapie au fond du lagon, elle se déplaçait par à-coups, tout en laissant flotter une de ses nageoires, tel un mas de bateau, comme vous le verrez dans la courte vidéo ci-dessous. 




Un chien à la mer ! Alors que nous étions au beau milieu des requins et des raies pastenagues, le capitaine d'un des bateaux eut tout le mal du monde pour retenir son chien de sauter à l'eau et de nager après les raies. C’était plutôt risible, car à chaque fois qu'ils parvenaient à mettre la main sur le chien et à le ramener à bord, ce dernier ressautait de plus belle, pour poursuivre ses nouvelles amies les raies.


L'eau était limpide, le sable blanc et fin, mais par contre, niveau coquillage sur le bord des plages, on ne peut pas dire que nous ayons été gâtés. Quelques bernard l'hermites se baladaient sur ce banc de plage de Bora Bora, comme ce petit spécimen orange aux pattes zébrées.


Et puisque nous sommes dans les clichés de vacances, en voici un pas piqué des hannetons de Bora Bora.


Derniers instants en Polynésie, et petit focus sur l'aéroport de Bora Bora justement, situé en bordure de lagon, probablement le plus bel aéroport que nous ayons utilisé pendant notre long voyage. La veille de notre départ, nous avons même fait un aller-retour via le bateau-navette pour profiter de cette balade sur le lagon et des dernières lueurs du jour.


Fin de narration de notre expédition à l'autre bout du monde en Polynésie Française, nous avons eu la chance de pouvoir mettre un paysage sur les noms aussi magiques que Tahiti, Tahaa ou Bora Bora. Ce territoire lointain est une destination de rêve pour les amateurs de plages au sable blanc, et pour les plongeurs avertis. Au moment d’écrire ce post, j'ai presque un pincement au cœur à l’idée d'avoir été si proche et de ne pas avoir pu aller dans les Tuamotu, mais le timing aurait été trop serré pour pleinement profiter des lieux. Telles ces raies léopard, nous nous apprêtions à mettre les voiles encore plus à l'Est pour commencer un nouveau chapitre de notre voyage : la découverte du continent Sud-Américain avec une première étape au milieu de nulle part, sur l’Île de Pâques.

Déjà publiés sur la Polynésie Française : TDM 07 French Polynesia - La loi de Mo'orea (1/4)

2 commentaires:

  1. N'oublions pas l'expertise des moines au sujet de la fabrication de la bière (et de la consommation ;) )

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