Ayant déjà passé plus d’une semaine dans le Nord et sur Luang Prabang,
la fin du voyage au Laos s’annonçait avant même que nous ayons pu nous
en rendre compte. Avant de passer sur Vientiane, nous avions décidé de
faire une escale sur Phonsavan pour aller voir la Plaine des Jarres.
Notre voyage s’est donc concentré sur la partie Nord du pays, que nous
avons parcouru en bateau, en bus et en bus de nuit. Notre crochet sur
Phonsavan nous permettait de découvrir un autre visage de ce pays tout
en longueur.
La raison de notre venue sur Phonsavan était la visite de la Plaine des
Jarres, située à une trentaine de kilomètres de la ville. Pour nous y
rendre, nous avions loué un scooter semi-automatique, de ceux que nous
avions pris en Birmanie par exemple (4 vitesses, freins au pied et à la
main droite mais pas d’embrayage). Nous arrivâmes sur un site immense
mais complètement désert.
Avant de partir sur la plaine, nous avons fait un tour du musée
présentant une petite exposition plutôt de bonne facture, avec de grands
panneaux explicatifs traduits en anglais. Comme déjà expliqué dans cet
article, le Laos est encore terriblement touché par le bombardement
américain pendant la guerre du Vietnam. La carte que vous pouvez voir
représente les sites affectés par les bombardements incessants durant
les 9 années.
Les explications sur les armes utilisées, comme ces bombies dissimulées à l’intérieur de grosses torpilles tombées du ciel.
Avec cette photo, on se rend mieux compte de la taille des engins
explosifs. Ce petit aparté en partie sur la guerre omniprésente, et en
partie sur des explications à propos du site de la Plaine des Jarres
aura eu le mérite de faire une bonne introduction avant la visite sur le
terrain.
Car au Laos, si on ne lésine pas sur le nombre de temples, on ne peut
pas dire que les lieux touristiques soient très bien expliqués. Nous
sommes au centre des visiteurs de la Plaine des Jarres et ce panneau
situé sur le chemin sera la seule information disponible.
Et voici l’un des plus grands sites de la Plaine des Jarres ! Comme
expliqué précédemment, la Plaine des Jarres est un site archéologique
s’étendant sur une superficie de plus de 1,000 km², où d’imposantes
jarres en calcaire de grès et granite ont été disposées entre 8,000 ans
avant JC et 800 post JC. Ces jarres peuvent peser en 500kg et plusieurs
tonnes, et mesurer entre 1 et 3 mètres de haut. Plusieurs hypothèses ont
été émises concernant la signification de ces jarres : urnes
funéraires, stockage de nourriture ou d'eau, cuves à fermentation pour
la production d'alcool. A ce jour, seuls trois sites majeurs sur la
soixantaine recensée, sont ouverts au public et ont été nettoyés des
vestiges de la guerre du Vietnam. Nous étions sur le site numéro 1.
Les jarres sont de plusieurs tailles, de plusieurs formes et si certaines sont encore intactes (…)
(…) d’autres portent les cicatrices du passage du temps.
Les bombardements ont malheureusement porté les balafres les plus
visibles, comme ce trou béant dans le sol laissé par un obus lors de la
guerre du Vietnam. Une autre chose frappante quand on visite ce site est
la présence de ce type de marquage du passage des services d’anti
déminage sur la photo de droite. Le chemin est bordé par deux bornes
métalliques, avec une partie rouge et une partie blanche. L’espace entre
les deux parties blanches est la zone qui a été déminée en profondeur,
et les côtés rouges tournés à l’extérieur indiquent que les recherches
ont été effectuées à la surface. Il est fortement recommandé de marcher
entre ces plots métalliques, sous peine de rentrer de vos vacances avec
une jambe de bois. A l’entrée du site, un grand panneau rouge nous
informe sur le projet de déminage mené conjointement par MAG et par
l’UNESCO de juillet à octobre 2004 (seulement 10 ans auparavant !).
Quelques chiffres :
1) les recherches visuelles ont porté sur 225,000 m²,
2) les recherches souterraines ont été effectuées sur 24,375 m²
3) 127 engins explosifs non déclenchés (UXO = Unexploded Ordnance) ont
été trouvés et détruits
4) 34,814 déchets ont été retrouvés (sous la forme de morceaux de métal,
fragments, balles, etc.)
Des chiffres qui donnent le vertige quand on imagine ce qui se trouve
encore dans le reste du pays, cela plus de 40 ans après les faits.
Nous sommes allés voir le site numéro 3, situé à plus de 20 kilomètres
du premier. Nous nous attendions à être éblouis par ce site que l’on
nous présentait comme splendide, et au final la seule chose qui a été
réellement éblouissante fut le soleil. Le site numéro 3 était encerclé
de fils de fer, bordés par des vaches et des champs.
Preuve en image, voici le champ de droite pour se rendre au site numéro
3. J’avais imaginé une plaine vallonnée de jarres, s’étendant à
l’infini. Il n’en était rien, mais la balade fut instructive et cela
nous a donné l’occasion de nous promener dans la campagne laotienne.
En rentrant à Phonsavan, nous sommes allés voir les locaux de MAG pour avoir plus d’informations sur leurs activités. Nous avons trouvé des panneaux explicatifs, comme dans le centre des visiteurs de la Plaine des Jarres, expliquant simplement et de manière explicite leur quotidien au Laos. Le premier est introductif sur la réalité des UXO dans le pays et leur provenance.
Le second décrit le travail sur le terrain de l’ONG en quelques chiffres, avec des visuels des équipes sur place, leur travail, et aussi tout un volet sur la situation économique du Laos suite à la présence de ces explosifs et leurs conséquences directes.
Le dernier vous permet d’agir face à cette situation et met en
perspective ce que votre donation permettrait de faire. Nous avons aussi
pu visionner plusieurs documentaires.
Dernière étape de notre voyage au Laos : Vientiane, la capitale. Vu que
nous avions déjà passé beaucoup de temps dans le Nord pour les gibbons,
nous n’avions plus assez de jours disponibles pour aller faire la région
des lacs dans le Sud. Et donc, nous nous sommes retrouvés avec deux
jours non désirés sur Vientiane. Personne ne nous en avait dit du bien,
la capitale n’ayant rien de particulier à visiter si ce n’est Patuxai,
littéralement « la Porte de la Victoire », un équivalent de l’Arc de
Triomphe, avec ses Champs-Élysées. Nous sommes montés au sommet pour
prendre quelques photographies de la ville de 800,000 habitants.
Au rayon des centres d’intérêts de la ville, se trouvait That Dam la
stupa noire, et cette statue du roi Anouvong, prise dans le parc. Pas
grand monde ne se pressait sous la stupa, mais une toute autre
effervescence émanait de la place ou était la statue.
Et pour cause, nous étions en pleine célébration de Boun Ok Phansa, la
fin du carême bouddhiste. Pour l’occasion, le secteur de la ville situé
en bordure du fleuve se transformait en une gigantesque fête foraine,
avec beaucoup d’attractions, de musique et de bruit.
La rue principale était devenue une grande ligne droite de pêche aux
canards, de jeux de fléchettes avec son lot de grosses peluches à
gagner, le tout sur un battle de sonos entre les différents stands.
Près du fleuve, de nombreux stands proposaient d'acheter des offrandes à déposer sur les eaux du Mékong. Un doux mélange de fleurs, de couleurs et d'odeurs de friture émanant des stands voisins.
Ces offrandes se présentaient sous la forme de petits paniers de fleurs
flottants, avec bougies et encens, comme à Luang Prabang. Les enfants se
chargeaient de les mettre à l’eau et de les faire voguer vers d’autres
eaux.
Fin de partie, notre voyage au Laos se terminait après deux semaines
très agréables passées dans ce drôle de pays que nous découvrions pour
la première fois. L’avion nous emmenait sur Siem Reap, pour découvrir
les temples d’Angkor au Cambodge voisin. Prochain article à venir sur
les traditionnels anecdotes et souvenirs marquants, vous l'aurez compris : les bonus.
Déjà publié : TDM 02 Laos - Welcome to LA-OS (1/4)
Photos magnifiques, commentaires géniaux, merci merci.....
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