(re) Bienvenue à Luang Prabang ! Nous avions quitté la ville pour
rejoindre Huay Xai quelques jours auparavant et nous avions beaucoup
aimé cette paisible bourgade. Nous avions prévu de passer plusieurs
jours sur place pour continuer nos visites des temples et des lieux
environnants, comme cet éléphant boule-à-facettes qui venait du Palais
Royal.
Parmi les choses qui nous avaient plu lors de notre premier passage,
nous avions remarqué de nombreux bâtiments à l’architecture familière.
En effet, de multiples établissements hôteliers et autres restaurants
ont pris place dans d’anciennes constructions de l’époque coloniale
française. Cela changeait drastiquement du désordre ambiant que nous
venions de voir en Inde notamment. Les anglais ont peut-être laissé la
passion du criquet et le gout du thé dans leurs anciennes colonies, mais
pour ce qui est de l’architecture, la France a clairement laissé une
empreinte plus marquée.
Outre les bâtiments et autres temples, Luang Prabang est une ville importante pour les amateurs de bonne chair. En parlant d’empreinte postcoloniale, s’il y a bien une autre preuve de la présence française c’est celle que l’on retrouve dans la gastronomie.
Généreuse, variée, omniprésente, la nourriture est disponible à tout
moment de la journée et manger devient bien plus qu’une fonction vitale
au Laos. Le soir, une des ruelles perpendiculaire à la rue principale,
devient un marché presque couvert tellement les stands sont proches les
uns des autres.
Au menu, brochettes de poulet, saucisses, fried rice, plats en sauce,
vous trouverez facilement votre bonheur dans l’un des nombreux étals.
Quelques images de temples, de leurs indications et de leurs Bouddhas
Scène de vie prise dans la rue principale ou un grand-père nettoyait les
cages de ses nombreux bulbuls (oiseau de la famille des passereaux).
Sur les hauteurs de la ville se trouve le temple Wat Chom Si, sur le
Mont Phousi. Pour y accéder, il suffit d’emprunter le long escalier en
pierre, situe en face du Palais Royal. La vue sur la vallée est
imprenable. Pour rappel, Wat veut dire temple en laotien, et Watin
signifie « dans le temple ».
Dans les escaliers et sur le chemin qui mène au temple, vous pouvez
acheter différentes choses pour les offrandes. Vous pouvez également
acheter un oiseau en cage d’osier que vous libèrerez au moment voulu. Si
vous passez devant, ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux.
A l’intérieur de ce temple, se trouve de jolies statues dont ce drôle de
Père Noël au sourire inquiétant, et une sorte de calendrier de
prières.
Quelques images du Laos, avec le mode de transport préféré des
voyageurs. Sur les marches du Palais Royal, les traditionnels Nagas
accueillent les visiteurs. Heureusement qu’il y a le double affichage
sur les panneaux de circulation.
Les temples laotiens ressemblent beaucoup à ceux que nous avons pu
voir en Thaïlande par exemple. Ci-dessus vous pouvez admirer le temple
du Palais Royal de face, et de côté.
A l’intérieur, des nombreuses statues de Bouddha s’entassaient. Les Bouddhas étant très fins pour la plupart, cela donne un effet d'optique et on a l’impression que la photo
est tassée.
Une des raisons pour laquelle Luang Prabang est célèbre est sa cérémonie
des offrandes. Sur les internets, nous avions vu de magnifiques
photographies de ce défilé au petit matin de moines en robes orange. Et
d’autres personnes préféraient ne pas faire de publicité à ce rituel.
Devant cela, il fallait nous faire notre avis. Après avoir assisté à une
cérémonie, je parlerais de scandale pour décrire ce que nous avons vu.
Luang Prabang, samedi 24 octobre au matin. Le soleil n’est pas encore
levé qu’une effervescence sort la ville de sa paisible torpeur. La rue
est étrangement active et les trottoirs de gauche se recouvrent de
tabourets et de nattes en plastique. Des stands de nourriture sont
installés en face, et des dames nous adressent des « feed the monk ?
Feed the monk ? » à tout bout de champs, on se croirait au zoo. Mais quel est donc cet étrange
phénomène ?
Nous sommes témoins des dérives de la cérémonie des offrandes de Luang
Prabang. Plus aucune signification religieuse dans le centre ville, mais une activité
touristique lucrative à part entière, attirant des bus entiers. Les
touristes sont alignés sur le trottoir, avec une écharpe en tissu
partant de l’épaule, nouée à la ceinture. Les gens se pressent pour faire des photos, souvent en utilisant le flash, n’hésitant pas à se mettre dans le passage pour obtenir le meilleur cliché dont ils ne feront probablement rien à leur retour de vacances.
Les premiers moines entrent en scène, et le rituel est rodé : ils
tendent leur jarre que les fidèles touristes doivent remplir de riz et autres
collations. Plusieurs centaines de moines, chauves de la tête aux pieds, drapés dans leurs robes couleur safran avancent en file indienne, recevant dans leur « bat » (bol servant à collecter l’aumône) les offrandes des fidèles (en principe) agenouillés face à eux. Le Tak Bat est une véritable tradition ancrée dans la culture bouddhiste. Ces offrandes, bien souvent du riz gluant, constituent la seule source de nourriture des moines, qui ne vivent que d’aumônes, c’est pourquoi le Tak Bat s’effectue chaque matin aux aurores. Les dons collectés étant généralement supérieurs à leurs besoins journaliers, le surplus est ensuite redistribué aux plus pauvres. Les bouddhistes ne perçoivent pas ce geste comme de la charité à proprement parler : il s’agit, pour le fidèle, d’élever et de purifier son âme à travers un acte de générosité. Les moines, quant à eux, confrontés à leur vœu de pauvreté, en tirent de l’humilité, une quête qui forge d’ailleurs leur quotidien. Au Laos, les moines sont si nombreux qu’ils font partie intégrante du paysage. On voit notamment beaucoup de très jeunes garçons, certains n’enfilent leur robe de moines que le temps de quelques mois, voire quelques années, mais d'autres la garde toute leur vie.
La dérive vient notamment de l’abondance de nourriture donnée aux
moines, qui doivent régulièrement vider leur jarre tant elles sont
pleines. Des poubelles en plastiques débordant de riz gluant et de gâteaux sont
stratégiquement situées sur le chemin. A la fin du rituel, des femmes
viennent les collecter discrètement pour les donner aux plus pauvres (j'ose espérer). A peine la cérémonie terminée, les
touristes posent pour une dernière photo sur le trottoir avant de
repartir en bus, le visage radieux d’avoir accompli une bonne action.
Une catharsis par le don pour les touristes achetant le salut de leur
âme tout en bourrant de gâteaux industriels le ventre des petits
moinions. Une vraie mascarade, d’autant que de très nombreux touristes
viennent de Chine pour participer à cette cérémonie. S’ils voulaient
vraiment aider des moines, ne pensez-vous pas qu’ils pourraient faire
la même chose au Tibet ? Pas inoubliable comme expérience.
Pendant la journée, de nombreux moinillons s’activaient à fabriquer de
grandes barques pour la fête de Lai Heua Fai, le festival
des-bateaux-en-feu-qui-dérivent. Il s’agit d’un hommage à la rivière,
ici le Mékong, qui signifie littéralement en laotien « Mère de toutes
choses ». Les bateaux sont confectionnés en bambou et en feuilles de
bananier, puis sont exposés dans la ville avant d’être mis à flots le
soir après avoir allumé des bougies, fait des prières et mis des
offrandes à bord. Devant les boutiques, de grandes barques étaient
fièrement exposées, prêtes à être mises à l’eau.
A une trentaine de kilomètres de Luang Prabang se trouvent les cascades
de Kuang Si. Un spectacle naturel à couper le souffle en deux étapes :
en voyant les eaux claires tout d’abord, et en se baignant dedans après.
Pas de secret, la beauté des eaux vient des montagnes et des sédiments
minéraux qu’elle transporte. L’eau est d’un bleu-vert magnifique, mais
bigre qu’elle est froide !
Cela n’empêche pas les plus téméraires de se baigner dedans. Après une
seconde lecture de la photo, on s’aperçoit qu’il s’agit principalement
de grand-mères bretonnes, de filles d'esquimaux et d’Irlandais. Des gens
taillés pour les eaux froides donc, aucun mérite…
Retour à Luang Prabang pour le déjeuner ou le goûter avec les nombreux
stands proposant divers jus de fruits, crêpes, sandwiches, thé ou café,
et ce dans presque toutes les langues. Les asiatiques m’étonneront
toujours.
Puis en milieu d’après-midi, les trottoirs se remplissent petit à petit
de nouveau. Cette fois-ci, ce ne sont pas des bus de touristes mais de
petites roulottes à bras, tirées généralement par des jeunes femmes bien
frêles, à la recherche du bon spot. Une bâche plastique au sol, une
tente pliable montée en quelques secondes, et le stand se colore
rapidement jusqu’à la tombée du jour.
Draps, t-shirt, pantalons, portefeuilles, bavoirs aussi ( ;-)),
l’artisanat proposé est très créatif et plutôt mignon. Si nous étions
venus pour de courtes vacances, nous aurions sûrement dévalisé quelques
stands. Que dire de ces adorables petits sacs à dos pour enfant ?
Sur la rue principale, une exposition de photo en noir et blanc de
moines était proposée à la visite, de très beaux clichés racontant un
petit peu de la vie des moines à travers leur quotidien. Les deux autres
photos viennent de temples.
Luang Prabang nous a permis de nous reposer un peu après l’Inde, et de
pouvoir reprendre notre route vers le Sud, des papillons dans le cœur.
Un dernier trajet dans la carriole motorisée pour nous rendre au
terminal de bus (toujours situé en marge de la ville en Asie, pour faire
vivre les petits transporteurs), et nous étions en route pour Phonsavan
et la plaine des jarres. Prochain article : TDM 02 Laos - Sur la route de Vientiane (3/4)
Déjà publié : TDM 02 Laos - Welcome to LA-OS (1/4)
C trop trop top!
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