dimanche 13 avril 2014

Trip #22 - Efficacité, propreté et ponctualité : les transports au Japon (8/12)


Si vous visitez le Japon, vous serez très probablement utilisateurs des nombreux moyens de transport, publics ou privés à votre disposition, à moins que vous ne soyez Amish et que vous ne vous sépariez pas de votre calèche. Ce serait dommage tant la qualité des transports Japonais est grande. Vélo - métro - boulot - dojo, voici une présentation de ceux que nous avons pu utiliser pendant notre passage au Japon. 



Pour rallier Narita Airport à Tokyo, vous pouvez prendre le Narita Sky Express Line. C'est un train à grande vitesse qui relie l'aéroport à la ville. Si le concept n'a rien de nouveau (du moins, en Asie), celui-ci se distingue par sa propreté, sa rapidité, et sa facilité d'utilisation. Bienvenue dans les transports Japonais.


Au Japon, les gens sont tellement biens élevés qu'ils patientent bien sagement en ligne quand ils attendent le métro. Pas de bousculade, pas de bruit, pas d'empressement, c'est juste un flot continu de gens qui rentrent et sortent dans la plus grande sérénité. Nous n'avons malheureusement pas assisté une seule fois aux scènes "chaotiques" des heures de pointe où des agents spéciaux sont là pour pousser "gentiment" les utilisateurs afin d'optimiser l'utilisation des wagons.


Il faut dire que les Japonais sont des gens extrêmement bien organisés et structurés. Tout à une raison, tout à un sens et par extension, tout à une signalisation. On ne laisse pas de place à l'improvisation où au doute, ne serait-ce que pour effectuer des tâches aussi simples que monter les escaliers ou marcher dans la station. Chacun sa ligne, et tout le monde est content. Le marquage au sol jaune que vous pouvez voir sur les photos du haut et sur celle de gauche est destiné à guider les mal-voyants dans les stations. Au Japon, vous pouvez vous promener les yeux fermés !


Se déplacer dans le métro de Tokyo est simple car malgré l'étendue du réseau, la signalisation est excellente, si bien que même les étrangers peuvent se mouvoir facilement sans devoir demander leur chemin toutes les 5 minutes. Les lignes de métro sont déterminées par des lettres - comme la ligne M (Marunouchi Line) que vous pouvez voir en haut à gauche ou la ligne T (Tōzai Line) en bas à gauche - lettres auxquelles une couleur est ajoutée, et les stations ont quant à elles des numéros. Si bien que vous ne pouvez absolument pas vous perdre si vous voulez  vous rendre quelque part ou donner rendez-vous à quelqu'un : il n'y aura qu'un seul arrêt T09, Otemachi. Autre avantage : plus d'erreur possible pour savoir dans quelle direction vous devez prendre votre ligne de métro. Sur les quais, vous pouvez voir le sens de la ligne, croissant ou décroissant. Combien de fois me suis-je perdu à Paris, moi le provincial, cherchant désespérément à savoir si j'étais en direction de la Porte de la Chapelle ou de la Maire d'Issy.


Un petit tour à l'intérieur du métro maintenant. Pas de surprise, c'est propre, c'est silencieux et c'est rapide. Les gens lisent des livres ou consultent leurs tablettes ou smartphones, tout cela dans la plus grande discrétion et avec le souci de ne pas en causer aux autres utilisateurs.


Les lignes de métro sont aussi de très bons emplacements pour l'affichage publicitaire. Si je m'attendais à voir plus de support interactifs, comme des écrans ou du matériel publicitaire plus pointu technologiquement pouvant permettre une interaction avec le passant, j'ai été sous le charme de l'affichage classique. Les publicités Japonaises sont très créatives et reflètent bien le quotidien. Vous pouvez voir beaucoup d'acteurs de cinéma ou de membres de groupes de musique tenir l'affiche, toujours très bien habillés, voire même presque efféminés. Prenons par exemple le visuel de droite avec une ravissante duck face, pouvant être traduite par une bouche en cul de poule.


La magie du métro Tokyoïte réside dans sa complexité : la ville est câblée par le réseau de métro, mais deux différentes compagnies coexistent, elles-même compatibles avec d'autres lignes privées. Tokyo Metro anciennement Teito Rapid Transit Authority (TRTA) opère 184 stations sur un réseau de 9 lignes tandis que Toei Subway (aka Tokyo Metropolitan Bureau of Transportation) opère 106 stations sur 4 lignes. Trois autres compagnies permettent de se déplacer à Tokyo, desservant principalement les banlieues, mais pouvant aussi traverser la ville : Tokyo Waterfront Area Rapid Transit (TWR), la ligne Saitama Rapid Railway et la Yamanote Line, tenue par la compagnie East Japan Railway Company (JR East) et donc communément appelée la JR line. Rien à voir avec le Texan à chapeau évidemment.


Pour l’utilisateur, il suffit de savoir quel titre de transport utiliser. Ici, il s'agissait de l'accès à la ligne JR. A noter qu'à Tokyo et Kyoto d'ailleurs, on paye à la distance. A priori, tout le monde y trouve son compte : avec ce système, un voyageur paiera moins pour un court trajet et coûtera moins sur un long trajet du point de vue de la compagnie. A quand l'abolition du ticket de métro Parisien à 1.70€ ?


D'autres exemples des infrastructures du métro Tokyoïte. Guider les utilisateurs, même dans de simples escaliers, c'est aussi s'assurer de ne pas créer de bouchons comme cela peut-être le cas dans d'autres pays ne prenant pas le soin d'aiguiller leurs utilisateurs. Moins de temps perdu, moins de stress, une meilleure utilisation des espaces, etc. Ce sont de petites choses invisibles et insignifiantes quand elles sont toutes seules mais qui mises bout à bout contribuent à garantir un niveau de service optimal.


Du coup, on ne doit pas se presser sur les quais Japonais. Pas besoin normalement, tout est déjà bien organisé ! Cela dit, si vous voyez quelqu'un affalé sur les rames, vous pouvez vous hâter d'alerter la sécurité pour éviter un drame.


Les Japonais respectent à la lettre (ou au bâton, ça dépend comment vous voyez leur écriture) les consignes de sécurité et il faut bien avouer qu'elles sont si bien faites qu'on ne peut qu'en faire autant. Des sièges prioritaires aux conseils pour les femmes à talons aiguilles, sans oublier bien sûr les raton-laveurs qui vous rappellent de faire attention avec les portes, tous les messages sont ludiques et créatifs.


 Regardez comme c'est mignon !


Des quais de métro comme cela, les membres de la RATP doivent en rêver souvent. Au Japon, ce n'est pas un rêve, c'est bel et bien la réalité. Pas un mégot sur les rails, pas un morceau de papier au sol, non, juste une éclatante propreté. Et ne pensez pas que c'est parce qu'il s'agit d'une petite ville. Tokyo voit transiter sur ses lignes 8.7 millions de passagers chaque jour. 


Autre constat possible : "oui, heeeu, en fait c'est propre mais juste dans la ville. en banlieue, ça doit être aussi sale que chez nous !" Double erreur. Ce n'est ni la taille, ni le lieu qui détermine la raison de cette propreté ambiante. C'est bien plus complexe que cela : il s'agit de l'é-du-ca-tion. Contrairement à Singapour où la propreté tient uniquement au mariage amendes +équipes de nettoyage en permanence, les Japonais sont conscients que ce n'est pas propre de jeter des détritus ou de cracher par terre.


Pas de tags sur les trains, pas d'écrans raillés pour acheter ses titres de transports, pas même besoin de mettre une barrière très haute pour garantir que les piétons ne sautent pas sur les voies. Et en plus, tout cela arrive à l'heure, dans la joie et la bonne humeur. Non, c'est vraiment une autre planète.


Dernière explication possible pour cette extrême propreté : la peur du gendarme. Et bien non, une fois encore ce n'est pas l'explication. Les petits contrôleurs sont certainement respectés et non craints. Regardez comme ils sont beaux avec les képis et leurs gants blancs.


Chose assez inconcevable également, ils sont au "service" des utilisateurs et non pas aux sévices. Toujours prêts à aider, renseigner et guider les voyageurs. Et même si l'anglais n'est pas forcement dans les prérequis pour ce poste, ils essayeront toujours d'aiguiller les utilisateurs étrangers avec la même conscience professionnelle que s'ils étaient Japonais.


Comme la vie est un jeu vidéo au Japon, les jingles dans les stations de métro sont aussi issus du même monde, comme vous pouvez l'entendre dans ce montage de deux courts enregistrements. Le premier me fait penser à une musique de mariage, et le second pour le coup fait vraiment jeu vidéo.


Un kiosque amusant, une affiche pour mettre son téléphone en silencieux et une affiche sur le personnel travaillant au bon déroulement de votre voyage. C'est drôle, c'est mignon, c'est bien fait, cela mérite une photographie.


Sur la gauche, une photo du hall de Tokyo Central - d'où vous pouvez prendre le Shinkansen (je vais y venir) - et sur la droite, une Tokyoïte type dans le métro : smartphone à clapet SHARP, grigris accrochés dessus, écouteurs pour suivre la J-Pop et masque pour l'hygiène.


Pour rester dans la comparaison avec les jeux vidéos, voici comment sont présentés les plans des stations : une carte modélisée décomposant les différents étages, avec les explications sur les sorties, les informations et tout ce dont le voyageur a besoin. Je trouve que cela se rapproche grandement du jeu mythique Donkey Kong de Nintento (visuel du milieu). Sur la photo de gauche, vous pouvez voir la journée type d'un utilisateur. Il commence par regarder en pyjama depuis chez lui quelles sont les horaires pour son métro, puis sur le chemin il reçoit les informations en temps réel du trafic via Twitter ou e-mail, il s'avance dans la station, vérifie une dernière fois sur l'écran géant les derniers détails, monte dans le bon métro après avoir été informé par un haut parleur, confirme sa destination avec le plan du métro, sort de la station tout en étant salué par l'agent aux gants blancs, arrive à destination, ouvre un large bec et laisse éclater sa joie !


Quand je vous disais qu'on était dans un jeu vidéo permanent, je ne plaisantais pas. Regardez l'affiche de gauche avec les jeunes filles et les champignons ressemblants fortement au fameux Toad de Nintendo. Les Japonais sont de grands enfants également mais aussi parfois de grands tordus. Si les jupes des jeunes écolières font partie de l'uniforme scolaire obligatoire, cela ne va pas sans certains inconvénients malheureusement, comme la possibilité d'être photographiée pour savoir ce qu'il y a sous les jupes des filles. Pas de poésie comme chez Souchon dans ce cas, mais plutôt du voyeurisme déplacé dont l'affiche cherche à préserver les femmes. Des comportements déplacés ont également été rapportés par des femmes lors de déplacements en métro. L'ultime proximité pendant les heures de pointe permet à une catégorie d'utilisateurs malintentionnés de laisser traîner leurs mains ou autre chose. Au Japon, on appelle chikan (痴漢, チカン, ou ちかん) un homme qui fait des attouchements et chijo (痴女) quand il s'agit d'une femme. Chikan est aussi par extension le mot pour décrire ce comportement. Selon certaines études, 70% des femmes Tokyoïtes de 20 à 30 ans auraient été confrontées à ce problème, certaines étant régulièrement exposées. Entre l'impossibilité d'identifier formellement la personne et le manque de motivation pour porter plainte, le phénomène s'est propagé depuis les années 2000. Pour lutter contre ce problème, les Tokyoïtes ont vu apparaître des wagons entièrement réservés aux femmes. Les premiers wagons ont vu le jour en décembre 2000, pendant les heures de pointe du matin, puis ont été progressivement étendus à toutes les heures de pointe de la journée.


En selle pour une visite de la ville en deux roues ! Si les transports en commun sont très bien développés, les infrastructures pour les vélos ne sont pas en reste pour autant, avec des voies spéciales, de grands parking à vélos en ville, et encore une fois de belles affiches.


J'ai l'impression que nous avons vu plus de vélos à Kyoto qu'à Tokyo, mais il s'agissait peut-être des quartiers que nous avons traversés. Sur la gauche, vous pouvez voir une grande concentration de vélos à Tokyo, tous bien alignés et rangés, évidemment. Au milieu, il s'agit d'un petit parking couvert pour vélos et deux roues, situé dans une ruelle de Kyoto. Et sur la droite, un cycliste en action.


Comme bien souvent dans les pays à forte densité, le manque de place est rapidement un problème. Heureusement au Japon, s'ils n'ont pas de pétrole, ils ont des idées comme ces différents parkings aperçus au détour des rues. Le premier sur la droite, est un parking robotisé où il suffit de garer la voiture sur le cercle de béton, attendre que la plateforme se déplace de 90° pour re-avancer de quelques mètres, et le tour est joué. La voiture est garée "automatiquement" dans sa petite cellule. Au milieu et sur la droite, d'autres variantes de parking à étage où au lieu de pouvoir garer une seule voiture sur le même emplacement au sol, vous pouvez doubler votre capacité de stationnement.


On ne pourrait pas faire un article sur les transports au Japon sans parler des taxis.


Il y a plusieurs compagnies de taxis à Tokyo, se différenciant par les couleurs de leurs véhicules.


Même s'ils sont principalement noirs, vous pouvez également croiser des taxis verts, rouges, jaunes ou bleus. Certains taxis ont adopté un design assez drôle avec des rétroviseurs placés à l'avant du véhicule sur le capot. Il y a beaucoup de taxi dans le trafic de véhicules, comme vous pouvez le voir sur la photo du milieu. On trouve aussi un nombre important de monospace/véhicules de transport de personnes, comme le véhicule blanc sur la droite de cette même photo.


Une belle brochette de taxis près d'une station de métro à Tokyo. Il faut savoir que les taxis au Japon sont extrêmement chers et que la qualité des transports publics permet de pouvoir s'en passer facilement. Ce n'est que pour les fêtards et les hommes d'affaires que les taxis sont indispensables, du matin au soir.


Dernier moyen de transport avec l'unique, l'authentique, le seul : le Shinkansen (新幹線, new trunk line), signifiant littéralement "nouvelle grande ligne". Lancé en 1964, le projet de train à grande vitesse du Japon était déjà en discussion dès la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. Le premier train reliât Tokyo à Osaka en 4h, une grande avancée par rapport aux 6h40 nécessaires pour faire la même distance dans les trains conventionnels. Aujourd'hui, vous pouvez parcourir les 552km en 2h18. Le train est également appelé Bullet Train, en référence à sa grande vitesse. Sur des trajets commerciaux, le train peut rouler à 320km/h. Sur la photo, vous pouvez admirer le petit dernier sorti en 2008, la Série N700.


A l'image du Japon, le Shinkansen est incroyable. Tout est extrêmement propre, on a l'impression d'entrer dans un train neuf et que l'on va encore trouver la fine couche de plastique sur les fauteuils. Sur votre tablette, vous trouverez un plan du train, indiquant les emplacements pour les appels téléphoniques, les distributeurs, et les compartiments fumeurs - une aberration dans un pays aussi propre et avancé, mais nous y reviendrons dans quelques jours sur un autre post. Nous avions pris le Shinkansen pour faire le trajet Tokyo - Kyoto, avalé en moins de 3h malgré les 500km.


Dernière exemple de l'ingéniosité Japonaise avec la haute technologie nichée dans les moindres détails. Vous voyagez avec plusieurs amis et vous aimeriez vous faire face ? Voici en trois étapes comment vous pouvez tourner votre fauteuil selon vos envies. Ils sont décidément en avance sur nous, et pas seulement sur les fuseaux horaires.
La musique du moment qui tourne en boucle dans mes écouteurs : Louie Austen - Hoping (Herbert Remix), un crooner Autrichien qui fait carrière sur le tard et que l'on peut retrouver dans certaines compiles Hotel Costes.


Refermons la page des transports mais restons dans le thème avec un article à venir sur la signalisation : Trip #22 - Japon : Ils sont tombés dans le panneau ! (9/12)

2 commentaires:

  1. Comment expliquer l'extrême civilité des japonais, leur profond respect pour l'autre (touriste ou compatriote) et les atrocités commises envers les chinois ou les prisonniers américains traités de manière tellement inhumaine?

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    1. C'est effectivement une question que je me suis posé tout au long du voyage. Je n’ai pas de réponse simple à ce sujet, peut-être est-ce une forme de repentance pour ces atrocités justement. D’une manière générale, le Japon a toujours été un pays « envahissant », débordant sur une bonne partie du continent asiatique tout au long de son histoire. Mais il ne faut pas sous-estimer l’aliénation de soldats face à la volonté de certains individus, les rendant coupables des pires atrocités sans forcément en être conscient ou tout simplement sans toujours être toujours d’accord.

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