samedi 16 juillet 2016

TDM 06 New-Caledonia - Les bonus, c'est choc* ! (4/4)


Retour sur les meilleurs moments de notre passage en Nouvelle-Calédonie, avec des bonus particulièrement bien fournis après environ 3 semaines passées à explorer la Grande Terre et ses petites îles. Je commencerai avec un lieu incontournable de Nouméa, la fameuse baie des citrons, la « baie D » pour les intimes. Par le passé, cette baie s'appelait « l'anse le Styx », comme l'un des nombreux fleuves de l'enfer de la mythologie grecque. Il y avait là une plaine remplie de citronniers, amenant peut-être ce nouveau nom. Plusieurs hypothèses concernant son origine ont été évoquées, comme la présence de « six troncs » d'arbre ou encore le fait qu'un bateau plein de citrons avait échoué dans la baie. Cependant, la théorie de la présence de citronniers reste la raison la plus courante pour expliquer ce changement. De mon côté, à chaque évocation de cet endroit, je ne pouvais m’empêcher de penser aux jeux de mots possibles, comme celui de l’abbé d'Aissytronc, ou de la BD avec 6 Georges Tron. Peu importe ce qui vous passe par la tête en pensant à la « baie D », je peux vous dire que vivre ici c'est le pied.


Ce voyage en Nouvelle-Calédonie n'aurait pas été le même sans l’hospitalité et la bienveillance de Manue, la femme au chapeau. Nous avons pu découvrir leur terre d'accueil sous les meilleurs auspices, plongés dans ce quotidien que vous ne pouvez percevoir qu'en immersion chez des habitants des lieux.


Et que dire de Nico, un amour d'Amour ? Pendant que Manue était encore en vacances loin du Caillou, Nico a joué le gentil GO en faisant notre programme, nous promenant de part et d'autres de la Grande Terre, en se sacrifiant lors d'un camping en dormant dans son hamac, et en faisant montre de beaucoup de talents dans l'exploration des fonds marins.


Voici le troisième larron de l'histoire, l'homme au chapeau, pâpâtissier, l’Américain, chef Ludo. Malgré un style vestimentaire des plus douteux, probablement hérité de son passage aux States et du croisement avec ses origines normandes. Toujours est-il qu'il a été un sacré ambianceur, un danseur hors pair, et aussi un fournisseur de pâtisseries délicieuses durant notre séjour. Big-up Ludo !


Sur le chemin, Kevin notre kanak-pitaine de bateau de l'Ile-des-Pins, m'a soudainement demandé de jeter l'ancre en plein lagon, alors que lui-même se jetait à l'eau précipitamment. Surpris, nous le vîmes resurgir à la surface avec dans ses bras une énorme tortue verte, se débâtant comme une belle diablesse. Aussitôt, un autre bateau arriva sur les lieux et tout le monde sauta à l'eau pour toucher la pauvre tortue. Cela fait partie du tour traditionnel îlots +découverte de la vie sauvage, et apparemment les touristes en raffolent. Les touristes peut-être, mais les plongeurs amateurs que nous sommes non. Outre le fait de stresser inutilement la tortue en l'attrapant, puis en l'immobilisant à la surface, les touristes en touchant sa peau peuvent lui apporter des maladies à cause de la crème solaire dont ils sont enduis. Un mauvais point pour l'industrie du tourisme, et un rappel : on ne doit toucher qu'avec les yeux si on veut préserver la faune et la flore.


Outre les gros touristes Australiens gavés de bière et de viande, la Nouvelle-Calédonie attire les meilleurs touristes au monde : les Japonais. Discrets, polis, propres, respectueux, ils sont une bénédiction dans ces petits paradis Calédoniens. La Nouvelle-Calédonie est une destination de choix pour leurs voyages de noce, et il n'est pas rare de se trouver au milieu d'un shooting pour un mariage. De plus, les liaisons aériennes pour se rendre ici depuis la France passent souvent par le Japon. Ce message a été écrit sur l'atoll Nokanhui. From Japanese, with love


Tu as de beaux yeux, tu sais ? Un joli gastéropode prenait la pause dans la main d'Aude, et on pouvait apercevoir ses belles billes bleues, parfaitement assorties avec ses moustaches orange.


Lors de notre virée sur le sentier sans fin sur l'Île-des-Pins, nous avons aperçu cet étrange animal couleur cacao, niché sur un tronc d'arbre, en travers du chemin. Ce petit reptile est un Correlophus ciliatus, appelé Gecko à crête, Gecko à cils ou encore Gecko à frange. Nous fûmes extrêmement chanceux car il s'agissait là d'une espèce endémique de Nouvelle-Calédonie, se trouvant uniquement dans le Sud du Caillou, du côté de Nouméa et sur l'Île-des-Pins.


Si les petits crabes violonistes de la piscine naturelle étaient timides, ce crabe-ci avec sa pince menaçante se comportait comme un vrai caïd, voire un dur à cuire. En voulant l’éloigner de la route, il se mit à me défier avec ses tenailles. Malheureusement, il termina sa vie sous les roues de la première voiture qui passa par là, non sans un pincement au cœur de ma part devant cette fin tragique.


A défaut d'avoir des panneaux d'information sur les routes, on en trouve... sous l'eau. En se baignant à l’île aux Canards au large de la plage de l'Anse Vata de Nouméa, on peut apprendre plein de choses tout en faisant du snorkelling grâce à ses bouées informatives.


Des éoliennes à 2 pales, ce n'est pas conventionnel. Et pourtant, dans les pays tropicaux et autres lieux aux climats capricieux, il vaut mieux avoir de flexibles installations, sous peine de voir ces hélices décoller. Ces éoliennes là sont amovibles, elles peuvent se replier en cas d'alerte cyclonique ou de forts coups de vent.


De grosses voitures, des marcels et des moustaches à tire-larigot, un amour inconditionnel pour le tuning, une passion pour la chasse et les armes à feu, le port de la nuque longue pour couronner le tout, bienvenue chez les Caldoches ! Nous avons vu des véhicules que nous ne pensions croiser qu'aux États-Unis, et pourtant nous étions bien en Nouvelle-Cal'. Généralement, les Caldoches vivent dans la Brousse (comprenez sur la Grande Terre, hors de Nouméa), sont propriétaires terriens, possèdent du bétail qu'ils peuvent défendre avec leurs armes de chasse. Il y aurait entre 50,000 et 80,000 armes à feu sur le Caillou avec pour rappel, une population de moins de 250,000 habitants. Un exemple pour illustrer cet amour de la gâchette, en 2014, l’État français avait proposé un décret instaurant notamment des quotas sur la détention des armes, limitant à un maximum de quatre armes par personne, et prévoyant aussi l'obligation d'une restitution des fusils sans indemnisation. Pour Harold Martin (ancien président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie), ce qui posait problème était le manque d'indemnisation face à une telle décision qu'il jugeait inacceptable. On se croirait face à un membre de la NRA qu'on prive de liberté, sauf qu'il s'agit bien de la plus haute autorité de la NC, et qu'il ne plaisante même pas. A y regarder de plus près, on pourrait considérer ces Caldoches comme des sortes de cousins mi-Texans, mi-Chtis des tropiques. Un croisement qui peut faire peur, en effet.


Après les pan-pan, voici le paon blanc, un paon albinos vu dans le parc zoologique et forestier Michel-Corbasson de Nouméa. A droite, une magnifique « paonne » (prononcez « panne ») toute de bleu vêtue, prenait la pose. Il ne manquait plus que leurs petits « paonneaux » (prononcez « panneau ») pour que la photo de famille soit complète.


Une belle photo de famille avec Nico et son cagou, jouant à leur jeu préféré : cache-cache-cagou ! Un petit peu plus loin, un autre oiseau étrange au bec complètement tordu, semblait trouver ce jeu peu intéressant.


En camping, quand on n'a pas de pétrole, on doit avoir des idées. Et quand on n'a plus de coco pour l’apéritif, on va à la chasse aux noix de coco. Un morceau de cocotier, des notions d’équilibriste, et hop, le tour est joué. Cette fois-ci, les noix de coco ont gagné, et nous avons dû nous rabattre sur une cueillette de noix de coco déjà au sol. Moins de panache, mais tout autant de noix de coco.


Quelle ne fut pas notre surprise quand au petit matin de notre dernière journée de camping, nous nous réveillâmes devant un pneu crevé. Manque de chance, nous avions prévu d'aller assister à la ponte des tortues à quelques kilomètres de là. Fort heureusement, ce crack de Ludovic trouva le cric et nous pûmes changer la roue en moins de deux (heures). 


Lorsque nous arrivâmes sur la plage, les tortues avaient déjà pris le large et il ne restait plus que quelques traces de leur passage. Si ces animaux marins sont particulièrement agiles dans l'eau, ils souffrent plus sur terre, leurs lourdes carapaces les empêchant de se mouvoir plus librement. En longeant la plage, nous avons croisé un couple de chercheurs qui s’efforçait d'effacer les traces laissées par les tortues, afin d’éviter tout braconnage des précieux œufs de bébés tortues. Nous aurions pu assister au retour à l'eau des mères, ou à l’éclosion de leurs œufs et à la course pour la (sur)vie des tortues juvéniles.


Petites choses, grandes conséquences ! Pour comprendre ces propos, illustrés par un magnifique papillon de Lifou, il faut connaître le répertoire de Bénabar ♪ ♫


C'est ce qui s'appelle décrocher le crabe des cocotiers ! Lors de notre séjour sur Lifou, nous avons eu l'occasion de déguster du crabe des cocotiers, le plus grand arthropode terrestre. S'il porte le nom de crabe, il est pourtant de la famille des bernard l'hermite. On l'appelle ainsi pour sa capacité à casser des noix de coco à l'aide de ses fortes pinces, pour en dévorer le contenu. Notre hôte en avait rapporté de sa chasse nocturne, et nous avons eu l'occasion d'en manger le lendemain soir. Niveau gustatif, la chair est proche du crabe mais sans avoir autant de goût. L’intérêt principal ce soir-là était de manger ces crabes des cocotiers avec un aïoli maison, réalisé avec brio par une autre vacancière.


Non, ceci n'est pas un ver de terre bicolore mais un tricot rayé, l'un des serpents marins les plus venimeux au monde. S'il est doté d'un venin extrêmement toxique (10 fois plus puissant que celui du cobra, excusez du peu), il possède également une bouche trop petite pour mordre les plus gros assaillants, le rendant aussi hautement dangereux qu'inoffensif pour l'homme. Les risques de morsures peuvent être à l'interstice des doigts de la main, au niveau des oreilles, des narines, etc.


La polyvalence est indispensable pour s'en sortir dans ces coins reculés. La preuve en image avec cette lingerie - bazar - photo d’identité.


Voici une illustration de l'urbanisme kanak et de son bon sens : des tables de pique-nique en béton, installées sur le front de mer. Jusque-là tout va bien, sauf que la mer en question n'est pas une mer d'huile et qu'à force de se fracasser sur les rochers, les vagues ont complètement ravagé une partie du mobilier en béton. Quand à celles qui tiennent encore debout, elles n'ont pas dû recevoir beaucoup de visiteurs ces dernières années.


La France est peut-être à des milliers de kilomètres, et pourtant on retrouve sa gastronomie jusque dans les algues calédoniennes, semblables à des... ravioles de Royan ! On en mangerait.


Dans la cuisine de Lifou, je suis tombé sur cette affiche montrant les écogestes au travers de dessin de la vie du quotidien d'un crabe rouge. Fermer le robinet, signaler les fuites, ne pas laisser les appareils en veille, éteindre la lumière en partant, autant de gestes simples mais encore trop souvent bafoués dans ces lieux retranchés. Deuxième affiche sur le même thème avec cette information sur l'ouverture de la déchetterie de Pihnyip Wé Luecila, sur Lifou. Un geste allant dans le bon sens, si ce n'est que la liste des choses acceptées à la déchetterie semble plutôt drastique et omet une bonne partie des déchets traditionnels, tels le verre, le bois, les déchets verts, les bouteilles plastiques et autres cartons, choses plutôt simples à recycler. Pour avoir aperçu plusieurs épaves de véhicules, éparpillées ça et là dans la nature, on peut se dire qu'il est indispensable d'encadrer les gens et de les aider à préserver au mieux leur île de toutes les formes de pollution.


Logique kanak, sens des affaires et orthographe, voici un résumé simple de ce qui vous attend si vous venez en NC. Que l'orthographe laisse à désirer, cela passe encore. Mais le sens du commerce prend une autre tournure ici : les prix varient, en fonction des besoins à court terme des kanaks. S'ils ont des factures à payer ou un besoin d'argent pour un mariage ou une cérémonie dans la tribu, votre prix peut grimper sans raison. C'est assez déstabilisant, et cela se répercute aussi sur la qualité des services offerts. En gros, la satisfaction du client n'est pas la priorité, sauf s'ils ont besoin d'argent rapidement. Dans ce cas, les appels d'offres peuvent se transformer en véritable pugilat, comme nous avons pu le voir sur la jetée de Lifou, où deux femmes s’échangeaient des amabilités, en plus de grandes claques dans le visage. Ambiance tropicale, situation bancale.


Une présentation de la Nouvelle-Calédonie ne serait complète sans un passage par le supermarché et les quelques surprises cocasses de ses rayons. Commençons avec cette adorable cagounette, la femelle du cagou. Où la retrouve-t-on ? Sur l'emballage d'un paquet d’éponges, bien évidemment. Les cagounettes, à la cuisine ! Un produit emblématique de la NC est le Noisety, un ersatz de Nutella, fabriqué localement par l'entreprise Biscochoc. On tombe soudain sur un sujet épineux, celui des grandes familles qui contrôlent l'import et l'export, qui tirent les ficelles et qui verrouillent l’économie locale. Pendant de nombreuses années, le Nutella était quasiment introuvable sur le Caillou, hors périodes de Noël, la Calédonie procèdant depuis des années à l'usage de quotas d'importation sur certains produits, au motif qu'on trouve des produits similaires localement. En fouillant les internets, je suis tombé sur des blogs où les prix mentionnés montaient à près de 25/kilo pour ce véritable or marron venu d'Italie. Le prix de cette pâte à tartiner s'explique en partie à cause de la taxe conjoncturelle pour la protection de la production locale (la TCPPL) de 500F/kilo, soit 4.20€/kilo, plus les 32 % de taxes sur la valeur CAF (coût, assurance, fret), et plus enfin la marge de l'importateur. De nos jours, on arrive au prix de 12.50€ le pot de 750g, contre 4.00€ pour le même produit acheté en France. L'histoire du produit local serait belle si les prix étaient acceptables, mais c'est sans compter sur ce protectionnisme hypocrite où la pâle copie profite de l'inflation du produit importé et aligne ses prix juste en dessous. Ceci explique pourquoi on peut voir les passagers se ruer dans la boutique de duty free pour en ressortir avec des pots de Nutella, dans la limite de 2kg par personne. Un business bien rodé, un monopole sous contrôle, bienvenue en Nouvelle-Calédonie. Dernier produit clin d’œil, le Caillou Kaoutchou un préservatif local qui ne devrait pas vous laisser de marbre.


Ahhhh, les horaires d'ouverture ! Attention, la plupart des commerces ferment tôt en Nouvelle-Calédonie. Si vous devez vous rendre à la banque, sachez qu'il ne faudra pas venir après 15:30, sous peine de rester devant la porte. Autre tranche de rigolade, le premier vol que nous avons pris avec Air Calédonie pour nous rendre sur l’Île-des-Pins. Pour bien commencer, nous avons dû nous acquitter d'une surtaxe au motif que nos bagages à main étaient trop lourds... d'un kilo. Au passage, en tant que voyageurs non-résidents en NC, nous avions droit au double de la franchise bagage normale, mais nous ne l'avons appris qu’après coup. Alors que nous voulions payer notre pénalité, le système informatique ne fonctionnait pas et nous avons versé la somme en cash, sans aucune facture justifiant ce paiement d'un montant total frôlant difficilement les 3. Si si, tout cela pour ça, 15 bonnes minutes de perdues pour un ridicule petit kilo d’excédent bagage en cabine, là où les passagères kanakes qui embarquaient en même temps que nous rendaient bien 30k sur la balance à Aude. Quand je disais que l'avion ressemblait à un bus, notre carte d'embarquement ne comportait aucun numéro de siège, et j’eus le privilège de pouvoir décoller en étant dos à la cabine de pilotage, face à tous les passagers donc. Je passerai brièvement sur notre petite frayeur du vol retour de l'Île-des-Pins où ces pinpins d'Air Calédonie avaient supprimé un des deux vols de l’après-midi rentrant sur Nouméa le 24 décembre. Non vraiment, niveau sécurité et organisation, on repassera. Dernier poster sur les articles à déclarer avant d'embarquer, comme les feux d'artifices, les produits toxiques, explosifs et autres tronçonneuses que l'on n'est pas supposé avoir en bagage à main. Vraiment, faut-il en faire un poster ?


Clap de fin sur une belle découverte, nous avons adoré notre séjour sur ce territoire si loin de tout et si différent, mais aussi profondément attirant. Si nous n'avons pas envisagé de poser notre sac sur le Caillou, c'est parce que trop de choses ne nous auraient pas convenues sur le long terme. L'isolement par exemple, être loin de tout et ne pas pouvoir voyager aussi facilement dans les pays voisins, revenait à vivre dans une prison dorée. Nouméa concentrant l'ensemble des activités économiques de l’île, nous aurions évolué dans un village de 100,000 habitants, où tout le monde se connaît et tout se sait. Dernier point de divergence, cette sensation de fraude constante et de mentalité d’assistés profiteurs ne nous a pas emballée du tout. Entre les défiscalisations, les subventions de toutes parts, le coût de la vie volontairement gonflé par les monopoles des grosses familles historiques, les discours d’indépendance omniprésents, et le fait de ne pas se sentir le bienvenu auprès des populations locales (kanakes ou caldoches), la décision ne fut pas difficile à prendre. A visiter, la Nouvelle-Calédonie nous a ravi, mais pas assez pour nous projeter dans ce quotidien tropical, reflétant malheureusement une mentalité des îles françaises. Finissons en musique avec ce titre de Gurejele C'est qui qui paye, qui je l’espère vous permettra d'illustrer mes propos.


Déjà publiés sur la Nouvelle-Calédonie : TDM 06 New-Caledonia - E=NC2 mon amour (1/4)
TDM 06 New-Caledonia - Lifou furieux ! (3/4)

* c'est choc : expression employée par les jeunes, signifiant « c'est super »

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