Quand
on se rend en Nouvelle-Calédonie, une visite sur l'Île-des-Pins est
indispensable. Puis, une fois que vous avez posé le pied sur le paradis
blanc (Michel,
si tu nous lis... on pense à toi), vous n'avez qu'une chose en tête :
visiter toutes les îles environnantes. Trois destinations majeures
s'offrent à vous : Ouvéa, Maré et Lifou (aka Drehu dans le
dialecte de l’île). La dernière île a retenu notre attention, alors
mettez vos lunettes de soleil et de la crème solaire, nous partons pour
Lifou. Et si par hasard vous vous demandez encore où peuvent être les
plus belles plages du monde, ne cherchez plus elles sont ici !
Un
terrain plat, des cocotiers, une tente et la plage en paysage,
bienvenue dans notre quotidien Calédonien. Une fois de plus, nous étions
bien tombés pour l’hébergement, nous avions élu résidence chez Mme
Agathe Wathiepel à Hukekep, dans le village de Luengöni.
Trois
paillotes de 1 à 4 personnes, un bloc sanitaire plutôt propre, une
cuisine commune et un faré d'accueil constituaient l'ensemble des
infrastructures mises à disposition. Nous avions opté pour le camping,
plus économique et tout aussi agréable dans de tels lieux.
Au
fond du jardin, la plage de Luengöni, signifiant « deux plages » dans
le dialecte local. Comme vous pouvez le constater, le sable est d'une
blancheur incroyable, plus blanc que blanc comme aurait dit Coluche.
Cela donne un contraste de couleurs très fort avec les nuances de bleu
de l'eau, c'est véritablement envoûtant.
Avec
un petit peu de hauteur, cela donne ceci : une plage sublime. Merci
encore à Ludo Vic et à ses photographies prise depuis un drone Parrot
Bebop (lien ici).
La beauté des lieux tient notamment au fait que cela soit encore très
sauvage, aucune construction en béton ne venant endommager le littoral.
De la nature à l’état pur, en toute simplicité.
La case du chef de tribu et un tag de cocotier, ambiance gangsta des îles. Si la visite des lieux vous a donné envie de vérifier par vous-même si l'eau est plus bleue par ici, voici le lien vers la page d'Hukekep sur le site touristique des îles Loyautés.
Si
nous n'avions loué la voiture qu'une seule journée sur l’Île-des-Pins,
nous avions prévu d'avoir un bolide pendant nos 3 jours sur Lifou et
pour cause : il n'y a aucun transport en commun, pas plus que de taxis
(enfin, on n'en a pas croisé d'officiel). Nous avons eu de la chance
pour cette location, car nous avons failli rester le bec dans le sable à
l’aéroport de Wanaham. Nous étions partis un lundi sans avoir au
préalable réservé de taxi la veille (le dimanche étant un jour férié,
nous étions dans une collectivité française). En arrivant sur place le
lundi matin, nous allâmes directement dans les 2-3 agences que nous
avions vues sur internet. Une seule d'entre-elle était ouverte depuis
10h, il ne faut pas pousser non plus. Nous fîmes la queue pendant 20
bonnes minutes quand vint notre tour. Seulement, étant donné que nous
n'avions pas de réservation, on nous pria de bien vouloir revenir une
fois que tous les clients ayant réservé eurent récupéré leur véhicule.
Rebelotte avec une quarantaine de minutes pour se voir signifier qu'ils
n'avaient plus aucun véhicules de disponible. Une organisation «
kanakesque » comme il se doit, et 1h de perdue pour nous. Ne me
décourageant pas, je me dirigeai vers la cabine téléphonique à pièces de
l'aéroport pour rapidement m'apercevoir qu'elle ne fonctionnait pas,
loi de Murphy oblige. Retour dans le hall de l'aéroport, et premières
négociations avec une personne travaillant à l'accueil des touristes qui
consentit à me laisser utiliser son téléphone de fonction pour autre
chose que ses propres discussions avec les copines du village. Sur les 8
ou 9 agences référencées dans le guide, la moitié d'entre-elles n'avait
plus de véhicules, le quart ne répondait pas, et le dernier quart
n’était pas référencé sous le bon numéro de téléphone. Ambiance grosse loose.
Finalement, en faisant le tour des véhicules sur le parking de
l’aéroport, je remarquai une voiture de l'agence ROSY ne figurant pas
dans le guide papier. Double coup de bol, il y avait un numéro de
téléphone sur la porte passager que je m'empressai de composer et
j’engageai une conversation avec le récent gérant, m'expliquant qu'il se
trouvait à l'autre bout de l’île et qu'il serait là dans trente
minutes. Et comme convenu, une heure plus tard, nous vîmes arriver avec
un grand soulagement notre véhicule de location, flambant neuf. Ouf !
Dernier détail croustillant, notre gentil loueur accepta de nous louer
le véhicule sans chèque de caution (que nous n'avions de toute façon pas
en notre possession), en utilisant mon Amex désactivée depuis le mois
de septembre comme garantie, au motif que nous avions l'air de bons
chrétiens comme lui. Au lieu de m'embourber dans une explication
périlleuse sur ma foi, j'acceptai non sans un rictus involontaire le «
compliment » de notre bon samaritain, et notre séjour sur Lifou pu enfin
commencer.
Nous
étions donc en voiture, sur Lifou. Je pense que je vous avais déjà
parlé de leur aversion pour les panneaux de circulation, les
informations touristiques et autres éléments très appréciés des
visiteurs étrangers, Lifou ne fut pas l'exception qui pouvait
potentiellement confirmer la règle. Bon, objectivement on ne pouvait pas
beaucoup se perdre, le nombre de routes se comptant sur les doigts de
la main et la superficie de l’île étant de 1,200km2.
Cela dit, c’est déjà 50% plus grand que Singapour, pour seulement moins
de 10,000 habitants. Autant vous dire que n'étions pas concernés par
les embouteillages, les seuls dangers de la route étant les abrutis de
chiens errants qui courraient après les voitures, et les kanaks assoupis
sur le bord des routes.
Ces falaises ne viennent pas du Nord de la France mais du Sud-Est de Lifou. Voici les falaises de Xodre, depuis lesquelles on assiste au spectacle saisissant des vagues se fracassant violemment sur les rochers dans un bruit assourdissant. L’écume des jours de grosse mer remonte jusqu'au dessus des falaises, frissons garantis.
A
l’extrême opposé de l’île, tout au Nord de Lifou, se trouvent les
célèbres falaises de Jokin surplombant une eau cristalline parsemée
d’une mosaïque de patates coralliennes, et déclinant, du rivage au grand
large, toute une gamme de verts et de bleus. De juillet à septembre,
elles constituent un poste d’observation idéal pour guetter les baleines
à bosse. Avant de poursuivre leur migration vers le Sud de la
Grande-Terre, celles-ci font souvent halte à Jokin où elles se frottent
contre les récifs pour se débarrasser des coquillages et parasites qui
ont élu domicile sur leur dos au cours de leur long périple.
Malheureusement, ce n’était pas la saison des baleines, il nous faudra
revenir pour enfin pouvoir admirer de près ce grand mammifère.
A
proximité de notre camping, vous pouvez visiter les grottes de
Luengöni, cachées au fond d'un tout petit chemin s’enfonçant dans les
terres. Ne cherchez pas la flèche verte, elle n'est pas présente en
temps normal :)
La
balade est supposée vous conduire aux joyaux de Luengöni, après une
promenade longeant la côte, et débouchant sur des poches d'eaux claires.
Nous avons fait nos explorateurs et par manque d'organisation, nous
sommes allés à la rencontre des lieux au petit bonheur la chance.
Plage de la baie de Chateaubriand (avec un d, Châteaubriant étant la ville de Loire Atlantique)
La chapelle Saint-Anne d'Inagoj ou de Inagod est l'église catholique de la tribu d'Inagod
Avec
son style espagnol, ses deux tours crénelées dignes d’un château
médiéval, la chapelle du Sacré-Cœur de Qanono (prononcer « rouanono »)
ne passe pas inaperçue sur l’île de Lifou. Bâtie en pierres de taille,
elle a été construite entre 1896 et 1899 par Wenatr Wenemechingo, à la
limite des trois districts de l’île, le long de la route principale
reliant les tribus du Nord à celles du Sud. Elle dénote quelque peu au
milieu des farés et des cocotiers mais elle symbolise l'omniprésence
religieuse sur ce bout de caillou, véhiculée par de nombreux
missionnaires.
Un
repos éternel sur Lifou, la garantie pour les célébrités locales de ne
pas être autant importunées qu'au Père Lachaise. Un beau gâchis de
terrain en bord de mer selon moi, mais la foi a ses raisons que la
raison ne connaît point.
La vraie signification de PMT* en Nouvelle-Calédonie : Palmiers, Mer, Tribu
Sur
Lifou, on trouve des noix de coco et aussi des bananes mais pas
seulement. La vanille a élu résidence sur la petite île, France Inter
consacrait d'ailleurs une émission spéciale sur ce produit (On va déguster du 6 mars 2016, à réentendre ici).
La vanille est arrivée en Nouvelle-Calédonie en 1860 lorsque débarqua à
Lifou le missionnaire anglais Joyce Macfarlane. À bord de son bateau,
il avait quelques plants de vanille de Madagascar, qu'il remit au clan
Api-Kai qui vivant sur le lieu-dit « Ahmelewedr ». Pendant plus de cent
ans, la vanille n'était qu'une belle plante ornementale qui proliférait
dans les sous-bois, sans que personne ne s'en préoccupe. Puis, la
réputation de la vanille réunionnaise a irradié jusque dans le
Pacifique, motivant les habitants de Lifou à s’intéresser de plus près à
cette culture, et en 1993 les premières plantations à but commercial se
développèrent sur l’île. On trouve également du miel de très bonne
facture, toutefois si je continue la promotion de Bi ne Drehu
sans avoir au préalable goûté à ses produits, je risque de basculer
dans le prosélytisme. Mais bon photographe ne saurait produire miel de
mauvaise qualité :)
Dernier appel pour retourner à bord du paquebot pour ces touristes Australiens du Pacific Pearl,
sur la baie de Easo. Bien que la photo soit belle, l'image est plutôt
terrible pour la préservation de la Nouvelle-Calédonie, le mouillage
d'un tel navire nécessitant au mieux, la création d'une zone morte (zone
que l'on sacrifie pour préserver le reste). Si de tels navires ne
peuvent en théorie mouiller qu'au même endroit, la surveillance et
l'application de ses règles reste parfois bien légères par manque de
moyens humains. Et que dire des touristes qui ne respectent pas toujours
les fonds marins - avec la pratique de la marche sur les coraux avec
des palmes - ou la plage, car il faut voir l’état des lieux après le
passage de centaines et de centaines de touristes. D'un côté,
ce tourisme de masse apporte de l'activité économique (quoi que, quand
on voit l'organisation... ), mais à quel prix : destruction du corail,
pollution additionnelle dans un lieu peu équipé pour bien traiter les
déchets, et manque de surveillance policière pour encadrer puis
réprimander les éventuels contrevenants. L'Australie est propre en
partie grâce au système répressif important, entourant la préservation
de l'environnement (et je vous ne parle pas de la prévention routière !
). Mais qu'en est-il quand les Wallabies sont loin de chez eux ?
Lifou
est une perle rare, un écrin de sable blanc entouré d'eaux
paradisiaques, de végétation florissante et de fonds marins d'une
incroyable richesse. Cet équilibre semble parfois précaire dans de si
petits paradis sur mer, et je vois mal la situation s’améliorer en cas
de vote favorable au referendum sur l’indépendance du Caillou, prévu
d'ici 2018. Ces propos n'engagent que moi et sont issus de ma propre
analyse de la situation.
Avant dernier jour en Nouvelle-Calédonie, et dernier jour sur Lifou, nous avions prévu de rentrer sur Nouméa la veille de notre départ pour la Polynésie Française, mais nous n'avions pas envisagé une ultime frayeur avec Air Calédonie. Nos amis résidents nous avaient conseillé de ne pas prendre les derniers vols sur cette compagnie, juste au cas où. Notre avion décollait pour 14:30 de Lifou, et nous avions décidé de venir un petit peu en avance, le temps de rendre la voiture de location et afin de pouvoir partir sereinement de ce lieu enchanteur. C’était sans compter sur la surprise de dernière minute : un last call for boarding de l’hôtesse d'accueil attira notre attention, suivit d'un message personnel adressé aux deux derniers passagers du vol : nous. Mais ha ! En clair, Air Calédonie avait décidé que le dernier vol de la journée partirait avec plus d'une heure d'avance, et ce, sans prévenir au préalable ses passagers. « Vous n'avez pas reçu de sms ? », et bien non, pas plus que la première fois. De nouveau, une bonne étoile brillait au dessus de nos têtes, puisqu'en arrivant à l'heure normale pour embarquer, nous aurions raté le dernier vol de la journée pour Nouméa, puis notre vol pour Pape'ete prévu tôt le lendemain, ce qui aurait décalé notre billet tour du monde d'une semaine, etc. Notre passage à Lifou était ouf, de soulagement aussi ! Derniers rebondissements de notre saga kanaky, à lire dans : TDM 06 New-Caledonia - Les bonus, c'est choc ! (4/4)
Déjà publiés sur la Nouvelle-Calédonie : TDM 06 New-Caledonia - E=NC2 mon amour (1/4)
*PMT : acronyme fameux dans les îles pour designer les Palmes, le Masque, et le Tuba. On peut parler de session PMT, de sortie PMT, ou de cession PMT si vous vendez votre kit.
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