Ce type de portail me fera toujours penser à Jurassic Park, et ce bien que le film s'apprête à souffler ses vingt bougies. Trêve de plaisanteries, nous voilà face aux portes de la réserve naturelle de Semenggoh abritant des orangs-outans, ces animaux fascinants et menacés. Cette espèce est uniquement trouvable sur Bornéo, en Malaisie et en Indonésie. A l'Est, le Sabah accueille la plus grande réserve d'orangs-outans mais fort heureusement, la réserve de Semenggoh à proximité de Kuching nous permis d'apercevoir cette drôle de bête. Orang-hutan signifiant en malaisien "homme de la forêt", nous étions ravis de rencontrer un lointain cousin.
Une fois n'est pas coutume en Malaisie, la visite commença sur une
vraie-fausse note. Le parc en question était une réserve naturelle
pratiquant des visites très encadrées. Je m'attendais à pouvoir explorer
la forêt avec des singes en liberté, il n'en fut rien.
Deux créneaux de nourrissage pour les orangs-outans étaient programmés tous les jours, de 9h à
10h dans la matinée pour le petit déjeuner, puis un casse-croûte de 15h à 15h30 dans
l'après-midi. Étant arrivés tôt le matin avec le bus, nous nous
sommes retrouvés à attendre devant 3 pauvres enclos à crocodiles dont celui-ci qui était fermé avec un simple fil de fer. Et malgré son apparente torpeur, il est bigrement vif cet animal !
Les consignes avant de s'enfoncer dans la jungle étaient strictes et bienveillantes. Après tout, nous avions affaire à des singes en liberté dans une réserve naturelle, mais tout à fait libres de leurs mouvements. Si une femelle orang-outan ne vous impressionne pas, relisez Le mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux et vous comprendrez en partie les précautions prises par le staff. Quelques conseils avisés : 1) ne pas apporter de parapluie ou de trépied - les orangs-outans perçoivent cela comme des fusils et sont agressifs (c'est étonnant cet instinct naturel ! Je ne sais pas combien d'entre eux ont déjà croisé de chasseurs); 2) faire attention aux enfants en bas âge pour ne pas qu'ils crient - pareil, cela énerve les primates; 3) ne pas se promener avec de la nourriture ou des boissons à portée de main - parce que si papa orang-outan descend de son arbre, il ne va pas faire dans le détail et risque d'emporter votre bras en même temps que votre pain au chocolat (attention, rien à voir les propos de JFC). Sur la photo ci-dessus, le premier spécimen arrivait pour le petit déjeuner.
Un jeu de câbles suspendus aux sommets des arbres permettait de les relier et d'atteindre une plateforme où étaient disposés des fruits. La jeune femelle orang-outan arriva en se balançant dans le vide du bout de ses quatre membres, parfois même en effectuant une roue compète sur le fil (à savoir main gauche puis main droite, pied droit, pied gauche, main gauche et ainsi de suite).
Comme vous pouvez le constater, la souplesse est une notion bien intégrée chez eux. Main gauche sur le câble, pied droit pour garantir la stabilité et malgré tout le tête droite pour pouvoir déguster sa papaye. Un travail d'artiste !
Elle était tellement sympa, elle s'est même arrêtée pour faire une pause devant les photographes. Par manque de chance, nous n'avons observé qu'elle, les autres membres recensés sur le site avait choisi de bouder le petit déjeuner. Plus tard, nous avons appris que nous avons raté à peu de chose la présence de Ritchie, le mâle de la bande qui est venu dans les dix dernières minutes. Il parait qu'il faisait un vrai raffut dans les branches en se déplaçant, il semblait immmpressionnant ! La femelle était déjà partie et nous étions devant la plateforme depuis 45 minutes au bas mot, dommage pour nous. Un maître mot quand vous faites ce type de sortie : patience. Il y avait trop de monde au début et nous pouvions sentir le mélange anti-moustique +eau de Cologne du groupe de grand-mères présent à nos côtés. Notre choix s'est tout de même avéré payant puisque nous avons pu apercevoir longuement une femelle et son petit, plus haut sur le parking.
L’asticot, le voici ! Le jeune orang-outan reste avec sa mère les premières années de sa vie, agrippé dans ses longs poils roux. Cela ne l'empêche pas de vadrouiller dans les branches avec une dextérité naturelle et une prise de risque maximale.
Et voilà sa maman, affairée à quelques mètres de sa progéniture. Même si elle a un air pataud, cela reste un animal sauvage très protecteur avec ses petits.
Perché sur de plus hautes branches, il fumait mangeait une sorte de cœur de bambou, délicatement dépecé avec ses pieds. C'était un spectacle assez drôle, nous étions à quelques mètres seulement de cette petite famille qui ne prêtait pas attention à notre présence.
Même si les animaux sont dans un environnement naturel, les gardiens leur donnent de temps en temps des aliments transformés comme ces petits pains au lait dont la mère semblait friande. Au passage vous pouvez remarquer la taille de l'animal, avec une envergure équivalente à la taille d'un homme.
Au début, elle s'est bien gardée de prévenir son rejeton et elle s'est lancée dans un repas copieux en profitant de cette offrande sucrée. N'ayant pas de menace extérieure, elle prenait tout son temps pour déguster ces friandises.
Le gamin jouait dans les branches plus hautes et il ne se doutait pas de ce qui se tramait à l'étage du dessous. Mère indigne !
Au bout de quelques minutes, son instinct de chasseur-quémandeur s'est soudainement réveillé et il a fondu sur sa gloutonne de mère qui a bien daigné lui faire don d'une dodue douceur, non sans l'insistance du petit.
Aussitôt pris, aussitôt englouti ! Le petit pain au lait a disparu en moins de temps qu'il n'en faut pour décrire la scène et notre petit orang-outan semble s'en mordre les doigts. C'est ce qui est frappant avec ces animaux, la ressemblance avec les hommes dans les expressions.
Terminons sur une vidéo encore une fois très bien réalisée et qui présente la réserve naturelle. En plus, vous aurez l'occasion de voir ce bon gars Ritchie. La visite vaut le détour et même s'il n'y a aucune certitude de voir ces grands singes, la probabilité est tout de même beaucoup plus forte dans cette réserve naturelle que par vos propres moyens. Suite au prochain article : Trip #16 Malaisie, le bon marché de Kuching (4/5)
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