La presse à Singapour, c'est un sujet complexe surtout quand on parle de sa liberté. D'un côté, vous avez des journaux locaux disponibles à la vente dans tous les kiosques, une relative ouverture sur l'actualité en général, locale ou internationale. Et de l'autre côté, vous avez Reporters Sans Frontières (aka Reporters Without Borders) qui situe Singapour au 135ème rang - à égalité avec le Honduras, excusez du peu - de son classement de la Liberté de la Presse en 2012 sur 179 pays (fichier source disponible ici). L'écriture de cet article est venu initialement de la volonté de présenter un des journaux, puis en creusant le sujet, je me suis aperçu qu'il y avait beaucoup plus de choses à dire. La lecture est à vos risques et périls (et surtout aux miens), Big Brother nous surveille.
La presse à Singapour se résume en 3 lettres : SPH. La Singapore Press Holding gère les journaux de la presse papier publiés à Singapour. Le groupe édite des journaux pour ces quatre types de lecteurs : sept pour les anglophones, avec notamment le Straits Times et le Business Times, huit pour les chinois, 2 pour les malaisiens et 1 pour les Tamoul (Indiens du Sud). Ils gonflent un petit peu les chiffres en glissant subtilement les éditions du dimanche (Sunday Times, Business Times Sunday, The New Paper Sunday, Lianshe Zaobao Sunday et Berita Minggu pour ne citer qu'eux) mais c'est de bonne guerre et pratique courante en Asie.
Que nous apprend cette organisation ? Que toute la presse papier de Singapour est dirigée par un seul et unique groupe. Et bien évidement, ce groupe a des liens étroits avec le gouvernement Singapourien. Un exemple ? Sa présidence. Sellapan Ramanathan, plus connu sous le nom de S. R. Nathan, ancien directeur de la SID - Security and Intelligence Division (la CIA Singapourienne) fut le DG du groupe SPH de 1982 à 1988 avant de devenir le 6ème président de Singapour de 2005 à 2011. Un autre exemple ? Tony Tan, ancien vice-premier ministre de 1995 à 2005 a été par la suite DG du groupe SGP, avant de devenir le 7ème et actuel président de Singapour en 2011. Je suis près à mettre un billet sur la carrière politique de l'actuel DG de SPH, Lee Boon Yang, déjà passé par le Ministère de la Défense et celui de la communication.
The Strait Times : le poids des mots, le choc des numéros
Une choses est surprenante quand on achète le ST pour la première fois : c'est son poids. Le journal, plié en deux, doit peser en moyenne entre 800 grammes et 1kg les jours de grands tirages.
Comme vous pouvez le voir, le Straits Times se compose de neuf sous-parties : le Straits Times itself, puis dans le sens des aiguilles d'une montre, les petites annonces de l'emploi, la partie sur la vie (?), les petites annonces immobilières, un sous-numéro sur les voitures, un numéro sur la maison, les petites annonces des particuliers, une partie sur le Samedi, et enfin les publicités. Pour le contenu du journal, je préfère le Straits Times au Business Times dont les dernières lectures ne m'ont pas emballées, et qui du coup à servi rapidement à emballer mes fruits pour les transports en France.
Dernier scandale en date du groupe SPH, le site web STOMP, pour the Straits Times Online Mobile Print. Du vulgaire Tabloid à la sauce piquante asiatique, avec un soupçon de délation ambiante qui sied bien à Singapour et l'apport des nouvelles technologies pour que les STOMP's circulent à plus vive allure que les voitures sur le périphérique. Le Straits Times ne sort pas grandi de cette filiale en ligne, mais au moins il en sort enrichi. Le SPH, côté en Bourse, a réalisé 365 millions de dollars singapouriens de profit sur son exercice 2012 (se terminant au 31 août 2012).
Dernier point intéressant, le SPH Singapore Press Holding s'est aussi diversifié avec succès puisqu'en plus de la presse papier (via les journaux, les magazines et les éditions de livres), le groupe est également étendu à la presse en ligne (plus de 50 sites dont AsiaOne.com, Menshealth.com.sg, Stjobs.sg ou encore Stcars.sg), à la radio (UFM 100.3, KISS92 et HOT FM 91.3) et également à l'immobilier via la gestion de 3 Malls et d'un condominium (Sky@eleven). Rien, n'échappe au SPH. Je vous laisse entre de bonnes mains avec une intervention de Coluche sur ce sujet. La Press' in Sing' ou comment laver plus blanc que blanc l'information à Singapour. Je dois vous laisser, ma connexion internet est interrompue depuis quelques minutes et on frappe à ma porte avec insistance.
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