samedi 2 juillet 2011

Les enfants de la Télé

Les joies de la colocation sont parfois toutes simples comme celles de partager un dîner, de discuter des activités de la journée passée, de sortir en ville ensemble, d'aller au cinéma de temps à autre. Et parfois, elles sont assez limitées car entre les locataires se dressent un mur de composants électroniques, une frontière cathodique ayant assez de pouvoir pour focaliser toute l'attention d'un groupe. Oui mais voilà, ce parfois là, c'était mon quotidien.*

L'émission qui tient en émoi mes colocataires

En effet, si Singapour se rapproche de la Suisse de par rapport à son développement économique et sa propreté, l'île-état est encrée dans le culte du petit écran comme les USA. La télévision est au cœur du quotidien. Elle permet de vous informer avec les journaux télévisés, de vous instruire avec les reportages, de vous divertir avec les émissions où le QI des candidats lutte péniblement avec celui d'une mouette normande, de vous faire frémir avec la flopée de films d'horreur dont raffolent les asiatiques, et la liste est encore longue.

Singapour, le pays où les télévisions sont aussi grandes que les habitants

Autrefois, le principal lieu de vie d'une maison était la cuisine ou par défaut la pièce ayant la cheminée. De nos jours, le centre vital du foyer est bel et bien l'écran de télévision. Triste monde où le rôle des livres se résument à remplir les étagères, et où malheureusement ces derniers sont de plus en plus supplantés par les DVD. 

Mes colocataires passaient donc le plus clair de leur temps à regarder la télévision. Ma chambre de maid ayant un mur mitoyen avec celui du salon, je dormais quasiment avec la-dite TV à mes côtés. Du lundi matin avant d'aller travailler au dimanche soir très tard, je ne pense pas qu'il y ait eu une journée où la télévision n’était pas sollicitée. Parfois même, durant le weekend au petit matin, il m'arrivait d’être sorti de mon sommeil non pas par les marteaux piqueurs ayant élus résidence au pied de notre appartement mais par les gloussement de dindes provenant des niaiseries Taïwanaises dont les ondes locales se faisaient l'écho. Je n'ai jamais vu autant de fadeur dans une série télévisée. Même "Plus Belle la Vie" pourrait rafler des Golden Globes par ici, c'est vous dire. En quelques lignes, le jeu des acteurs est pitoyable, tout est sur-sur-joué, les intrigues sont dignes d'un mauvais épisode d’"Hélène & les garçons", et tous les scénarios ont du être écrits par une seule et même personne tant il est difficile de différencier les séries entre elles. Vrai-fausse histoire d'amour, trahison, intrigue policière avec des terroristes malais, j'en passe et des pires.

Parmi les séries immanquables de mes ex-colocataires, il y a "The Amazing Race" pour laquelle je les ai vues se lever à 7 heures du matin un samedi avant d'aller se recoucher. Sylvain Augier s'est fait piquer tout le concept de la Carte au Trésor, mais ces goujats d'américains ont substitué l'histoire par des candidates à la plastique siliconée. Il en reste pas moins des scènes mémorables, comme cette petite vidéo pas piquée des hannetons.


Pour l'anecdote, mes colocataires m'ont révélé qu'elles n'habitaient pas chez elles dans les premiers jours qui ont suivi leur emménagement. La raison ? Il n'y avait pas encore de télévision, alors elles squattaient chez leur grande sœur, jusqu'à la livraison de l'objet béni. Autre souvenir qui m'avait interloqué : elles avaient invité des amies pour jouer au Mahjong, un jeu de société traditionnel chinois qui se joue à quatre. Enfin une soirée au calme, me disais-je. J'allais pouvoir profiter pleinement de mon samedi, dans le calme de ma chambre en compagnie d'un air de musique classique. Pourtant, il n'en fut rien. Malgré la tenue d'une soirée Mahjong, la télévision restait au centre des attentions, entrecoupant les parties comme les publicités hachent le film du dimanche soir sur TF1. Un monde à part vous dis-je.

Musique de circonstance pour cet article

*du temps où j'étais en colocation à Novena

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire