Quand vous vous promenez au Laos, vous êtes
parfois frappés de voir de vieilles armes, mines, et autres bombes décorer les
commerces touristiques. Ces vestiges de guerre sont autant de cicatrices pour
rappeler au monde l’ampleur des dégâts causés au Laos. Pendant neuf années, de
1964 à 1973, le gouvernement américain a bombardé le Laos sans répit, en
tentant d’affaiblir la zone d’approvisionnement des Viêt-Congs, la fameuse Piste Hô Chi
Minh. Plus de 2 millions de tonnes de bombes lancées du ciel au cours d’environ
580,000 missions officiellement enregistrées par les US, sur un pays neutre subissant
de plein fouet la guerre de ses voisins. Pour mettre ces chiffres en
perspective, cela correspond à un avion meurtrier décollant toutes les 8
minutes, 24h par jour, pendant 9 ans, et sans discontinuer. Le Laos est devenu
le pays le plus bombardé au monde, tout cela sans jamais avoir été en guerre. Parmi
les engins explosifs utilisés, on retrouve les fameuses « bombies »,
ces balles de tennis en métal, larguées dans des énormes bombes-baignoires,
pouvant en contenir plus de 200. Si ces dernières sont encore dangereuses, c’est
que sur les 270 millions larguées sur le Laos, on estime que 80 millions n’ont
pas explosées, demeurant de vrais dangers même 50 ans après les faits. Une fiabilité
douteuse, car si elles n’ont pas explosé au moment du largage, elles sont
encore capable de provoquer des dégâts aujourd’hui.
Aujourd’hui, la pauvreté du pays s’explique
aussi par les effets pervers de ce silencieux fléau : une grande partie du
pays est infestée de bombes potentiellement encore dangereuses, empêchant tout développement
économique (via l’agriculture ou le tourisme). Pire encore, ces importantes pièces de métal sont souvent perçues comme une potentielle source de revenus pour les populations les plus défavorisées. Et comme bien souvent dans ces situations, les enfants représentent une grande partie des victimes, ne sachant pas discerner le danger de l’appât du gain (quelques poignées de dollars). Malgré les efforts de plusieurs
associations (dont MAG), œuvrant dans le déminage, la situation est encore
critique pour le plus pauvre pays d’Asie du Sud. Entre 1995 et 2013, le
gouvernement américain a généreusement financé le déminage pour un montant annuel
d’environ 3 millions de dollars. Généreusement ? C’est ce que l’on
pourrait se dire après un rapide calcul portant l’effort de déminage à $51
millions sur cette période. Et pourtant, on s’aperçoit que cette même somme était
dépensée en seulement 3 jours de bombardements sur le Laos. Imaginez le coût
total sur 9 ans…
Pour plus d’informations, nous sommes allés
visiter le local de MAG à Phonsavan, et nous avons vu cette vidéo ci-dessous,
apportant un témoignage sur les victimes civiles de ce conflit du siècle passé.
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