Nouvelle escale d'une journée dans une ville japonaise avec cette fois-ci la découverte de Nara, située une quarantaine de kilomètres au Sud de Kyoto et une trentaine de kilomètres à l'Est d'Osaka. Sans partir dans une nara-tion à la Raymond Devos, je ne parlerai pas pour ne rien dire de Nara, non. D'autant plus qu'il y aurait beaucoup de choses à dire sur cette paisible petite bourgade de 360,000 habitants. Elle fut jadis, la capitale du Japon de 701 à 784 pendant sa période : la période de Nara (vous me suivez ?). Pourquoi venir à Nara me direz-vous ? Parce que malgré un lointain passé glorieux, la ville reste un haut lieu de l'enchantement, proche du conte de fées.
Que vient-on voir à Nara ? Des temples et des biches, comme sur la photographie. Cette imposante construction en bois est Nandaimon, la grande porte Sud du temple Tōdai-ji que vous pouvez apercevoir au loin.
L'imposante construction abrite deux immenses Kongōrikishi (金剛力士) ou plus généralement appelés Niō (仁王) se faisant face. Deux géants gardiens de Bouddha que vous pouvez retrouver à l'entrée de nombreux temples au Japon, en Chine, en Corée et dans d'autres pays asiatiques. Ensemble, ils symbolisent la naissance et la mort de toute chose. Misshaku Kongō (密迹金剛), également appelé Agyō (阿形) sur la droite du montage, exprime la puissance. Sa bouche semble laisser échapper le son "ah", comme son petit nom l'indique. Naraen Kongō (那羅延金剛), appelé Ungyō (吽形) sur la gauche symbolise la puissance latente, voire la force tranquille (un air de déjà vu ?). Il a la bouche fermée et parait produire le son "hum" ou "un". Ces statues en bois de près de 9 mètres de haut sont impressionnantes et il m'a fallut me mettre au pied de chacune d'entre elles pour pouvoir cadrer les statues dans leur ensemble.
L'attraction phare de Nara, la voici : le Tōdai-ji (東大寺, Grand Temple de l'Est), maison du plus grand Bouddha Vairocana en bronze - Bouddha central des écoles tantriques (tibétaines ou Shingon), ainsi que des écoles mahayana chinoises et japonaises (Tiantai-Tendaï et Huayan-Kegon).Il a été classé monument historique par l'UNESCO, ainsi que d'autres monuments historiques de l'Ancien Nara. Vous pouvez visiter le temple en 3D en cliquant sur le lien ici, moyennant une bonne carte graphique et la volonté de lire en Japonais.
Il aura fallu près de 8 ans pour parvenir à compléter cette statue de bronze de 15 mètres et son temple, mettant quasiment le pays en faillite en ayant englouti presque la totalité du bronze disponible dans tout le pays. La statue a été réalisée en 3 parties et pèse plus de 500 tonnes (ou 500,000kg pour ceux qui ont du mal avec les mesures). On estime qu'environ 2.6 millions de personnes ont participé à ce projet... pharaonique !
Quelques photos du temple et de Bouddha, entouré de pleins de petits Bouddha (Inception ?)
Bien que massif, le temple actuel n'est qu'une reproduction plus petite que le temple original. S'étendant sur 57 mètres de longueur et 50 mètres de large actuellement, il est 30% moins grand que le tout premier temple (cf la maquette sur la photo en bas à droite). Il a été détruit 2 fois suite à des incendies et le temple que vous pouvez voir aujourd'hui date de 1709, soit plus de 300 ans d'histoire tout de même. Ce fut la plus grande construction en bois au monde jusqu'en 1998. Il est aujourd'hui surpassé par de récents ouvrages, comme le "Odate Jukai Dome" que je vous incite à googler également.
D'autres statues situées à l'intérieur du temple (gauche et milieu) et à l'extérieur (droite donc). A noter que cette étrange statue de droite en position du lotus, est censée avoir des pouvoirs magiques. Il s'agit de la divinité Pindola, appelée Binzuru (賓頭盧) en Japonais. Assis à l'entrée du temple, Binzuru est un des personnages bouddhistes les plus attachants. Son pouvoir de guérison était aussi grand que son penchant pour la bouteille. Un jour, Bouddha demanda à Binzuru de rendre visite à un riche homme dont la famille était persécutée par de mauvais esprits, avec pour seule mission d'exorciser les esprits et de partir sans céder à la première tentation. Binzuru chassa les démons de la maison et l'homme fortuné, reconnaissant, voulut célébrer cette réussite. Après plusieurs propositions insistantes, Binzuru capitula et accepta de prendre un verre, pour ne pas paraître rude avec son hôte. Ce ne fut pas long avant qu'il soit ivre et les mauvais esprits revinrent. Bouddha ayant eu vent de cela, bannît Binzuru de sa garde proche. Binzuru, rempli de regrets, suivit Bouddha à travers le pays et s'assit à l'extérieur de la tente de Bouddha pour écouter son sermon. Sur son lit de mort, Bouddha, reconnaissant sa loyauté, appela Binzuru pour lui pardonner. Il demanda à Binzuru de rester dans le monde en tant que guérisseur. Depuis, Binzuru est assis à l'entrée des temples pour que les gens puissent facilement venir à lui afin de soulager leurs souffrances. Il suffit de frotter une partie du corps de la statue puis de frotter la même partie douloureuse sur son propre corps pour être guéri.
A Nara, nous avons également vu beaucoup d'écoliers, visitant comme nous les monuments de la ville. Ils étaient facilement reconnaissables avec leurs différents uniformes : haut blanc et short bleu, robes longues pour les filles, ou encore casquettes jaunes pour les enfants sur la photo en bas à gauche.
Mais le plus drôle ce fut la visite de ces petits poussins de maternelle, avec leurs petits chapeaux. Ce fut la grande attraction dans le temple, notamment au moment du rituel du passage dans un des piliers en bois (photo du milieu). Le but est de pouvoir se glisser dans une ouverture très fine et de ramper jusqu'à la sortie. Autant vous dire que les touristes Américains sont restés sur le côté en finissant leur burger ;-) De notre côté, cocorico ! Le pilier a accouché de deux petits français, au grand étonnement des badauds nippons. "Hooooooooo !"
Quelques images de Nara - un bien joli panneau de circulation, une ancienne lanterne en pierre
et une grande tour à côté du temple.
et une grande tour à côté du temple.
Et voici la justification de la partie féerique de la ville. Les biches ont élu domicile dans le parc et les environs du temple, au grand bonheur des touristes. Selon l'histoire légendaire de Kasuga Shrine, le mythique dieu Takemikazuchi (un des 4 dieux du Kasunga Shrine) arriva à Nara, chevauchant une biche blanche, pour garder la nouvelle capitale Heijō-kyō. Depuis cette période, les biches ont été considérées comme des animaux divins, protégeant la ville et le pays. Elles sont littéralement omniprésentes (cf photo en bordure de route). C'est un petit peu comme les vaches sacrées en Inde, en plus mignon. Il faut tout de même savoir que jusqu'en 1637, tuer un de ces animaux était considéré comme un crime capital, punissable de la peine de mort. Ce n'est qu'après la Seconde Guerre Mondiale que les biches ont été destituées de leur statut de divinité pour être nommées trésor national et protégées en tant que tel.
Vous pouvez également les nourrir en achetant les Shika-senbei (鹿煎餅), des biscuits pour biches. Mais derrière ce paisible animal peut se cacher également une colère sournoise, en témoigne ce petit écriteau sur la droite du montage. Les biches sont chamailleuses, elles peuvent mordre et piquer des sacs à mains (yo, vas-y quoi !), mettre des coups de sabots, charger avec leurs bois et renverser des personnes. Le panneau dit clairement : les biches de Nara sont des animaux sauvages. Elles peuvent occasionnellement attaquer des personnes, donc s'il vous plaît faites attention. Rien à signaler avec nous, si ce n'est une biche goulue qui a voulu changer de diète et s'est mise à avaler notre carte de la ville en papier. Du coup, j'ai tapé dans leur stock de biscuits. Na !
Lampes et lanternes
Une scène amusante en visitant un temple : la jeune femme demandait au moine de lui "tamponner" son carnet de temples. En bon collectionneurs et éclairés croyants, les Japonais vont ainsi de temples en temples, demander la signature des moines habillés à la Hugh Efner.
De nouveau, des Ema (絵馬), ces petites plaques en bois utilisées pour faire des prières et des vœux
Il y a des ema au design traditionnel (comme une petite maison), des cœurs aussi. Les Japonais écrivent ainsi à l'être aimé qui est avec eux, ou à celui qu'ils aimeraient bien avoir.
Il y a mêmes des ema en papier pour les souhaits des tourtereaux ! Superbe destination pour une journée, nous avons beaucoup aimé notre escapade à Nara. Et pour finir en musique, quoi de mieux que le tube de Frank Alamo - Biche oh ma biche (1963).
Pour les puristes, il est bon de préciser que la version française est une adaptation du morceau Sweets for My Sweet du groupe Américain The Drifters (1961). Elle fut reprise par le groupe anglais The Searchers en 1963, et par Frank Alamo pour la version Française. Cela devient plus un blog de musique que de voyage ma parole !
Suite au prochain épisode : Trip #22 - Faire ses courses au Japon (6/12)
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