dimanche 12 janvier 2014

Explosion de la criminalité à Singapour : et maintenant l'enlèvement


Pendant qu'en France, une spécialité gastronomique Lyonnaise n'en finissait plus de faire parler d'elle, la cité Etat Singapourienne retenait son souffle suite à un enlèvement d'une terrible violence cette semaine. La mère du CEO de la chaine de supermarchés Sheng Siong, venait d'être enlevée en ce beau matin du jeudi 9 janvier. Voici un minority report de l'affaire choc de ce début d'année à Singapour.

Après la grève des chauffeurs de bus en novembre 2012, après l'émeute mortelle à Little India au début du mois de décembre 2013, une nouvelle tache apparait sur le paysage immaculé de la sécurité à Singapour : l'enlèvement avec demande de rançon de la mère d'un riche homme d'affaires. Les statistiques s'emballent avec ce nouveau cas d’enlèvement, et la Colombie n'a qu'à bien se tenir si elle compte rester en tête des classements car quand les Singapouriens entrent dans une compétition, ce n'est pas pour faire de la figuration. Enfin ... Ça, c'est ce que la presse Singapourienne peut vous faire croire tant cette affaire occupe les gros titres, le Straits Times n'hésitant pas à nommer l'affaire Sheng Siong "The Big Story" (La Grande Affaire). L'enlèvement ? Il a duré environ 13h. Les dangereux ravisseurs de grand-mère ? La police les a arrêtés 40 minutes après qu'ils aient récupéré la rançon, ils seront jugés moins de 10 jours après les faits.


Tout, tout, tout, vous saurez tout sur l'enlèvement : l'identité des protagonistes, la rançon, le lieu de rendez-vous, l'endroit où l’otage a été relâché, un peu plus encore sur la riche famille Lim, l'avis des voisins de Mme Lim, le prix des chemises de M. Lim, etc. Les kidnappers sont deux hommes Singapouriens de 50 et 41 ans, en couple depuis plus de 10 ans. Après un premier passage devant le tribunal vendredi dernier, nous aurons sûrement l'occasion d'en savoir plus sur les motifs de l'enlèvement à l'occasion d'une seconde audition prévue le 17 janvier.

Ce qui est sûr, c'est que la décision de se lancer dans un enlèvement à Singapour ne témoigne pas réellement d'une grande intelligence. Tout d'abord, le pays est une île, ce qui limite les possibilités de fuite. Ensuite, avec les moyens de surveillance de la police et les technologies à disposition, une telle entreprise semble terriblement risquée. Enfin, dernier point, nous sommes à Singapour et on ne rigole pas avec le crime.


Le service des archives du Straits Times a dû tourner à plein régime depuis jeudi car parmi la dizaine d'articles traitant de l'affaire, certains faisaient une rétrospective des cas d'enlèvements avec demande de rançon sur ces dernières années. Ce dernier cas bat tous les records à présent avec la victime la plus âgée, la plus longue durée d'enlèvement (13h !), la plus forte rançon, mais pour savoir si ce cas fera le grand chelem il faudra attendre de voir les sentences prononcées contre les Bernie & Clyde locaux. Au mieux, ils feront de la prison à vie et recevront des coups de canne comme leurs illustres prédécesseurs, au pire ils ne termineront pas l'année. A Singapour, le crime ne paie pas (de mine). 


Restons dans les chiffres et parlons de la rançon. Elle avait été négociée à la baisse, passant de $20 millions à $2 millions en billets de $1000. Le Straits Times s'est amusé à calculer quelle superficie pouvait couvrir cette somme d'argent. Et bien figurez-vous qu'on ne recouvre qu'un seizième de terrain de basket avec $2 millions en billets de $1000, alors qu'avec la même somme en billet de $2 on recouvre 19 terrains en entier ! Étonnant, non ?

Morales de cette histoire

Plusieurs enseignements sont à tirer de ce "fait d'hiver" Singapourien :
- Il est possible de retirer $2 millions de dollars en une journée, "à partir du moment où vous avez les fonds sur votre compte." Ouf !
- Si vous croisez une grand-mère qui traine des pieds dans la rue, c'est peut-être la mère d'un millionnaire Singapourien : M. Lim est à la tête de la troisième chaine de supermarchés du pays et possède une fortune qui avoisine le demi milliard de dollars Singapourien. Si, si, le petit bonhomme en chemisette qui ne paye pas de mine et qui vit avec sa mère dans un quartier populaire de Singapour est multimillionnaire.
- Les Singapouriens-Chinois sont de très bons négociateurs : le plus gros succès de la Police dans cette affaire, c'est d'avoir réussi à faire baisser la rançon de 20 millions à 2 millions de dollars. On ne dira pas si c'est parce que M. Lim ne voulait pas mettre plus pour sauver sa pauvre mère, mais 2 millions pour une femme de 79 ans c'est déjà une belle preuve d'amour pour un asiatique.
- Mieux vaut aller en Malaisie pour faire des kidnappings : la prise de risque est trop grande à Singapour, entre prison à vie, châtiments corporels et peine de mort. Décidément, les temps sont durs pour les criminels.
- Enfin, un crime commis par des Singapouriens ! Après la grève de ses nantis de chauffeurs de bus Chinois, après les émeutes de Little India causées par ces enfants gâtés de Bangladeshis, voici un enlèvement 100% Singapourien. Autre soulagement, ils sont Singapouriens-Chinois et pas Singapouriens-Malais ou Singapouriens-Tamouls. En espérant que l'opinion publique ne pointe pas leur union "contre-nature" comme cause de ce trouble. Malgré une situation économique enviable, la tension est palpable entre les communautés et le gouvernement a tout intérêt à assurer la paix des ménages -quels qu'ils soient :-)

Terminons en musique avec Serge Gainsbourg & Brigitte Bardot interprétant Bonnie & Clyde (1968). Bon dimanche !


1 commentaire: