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La diversité singapourienne sous un seul étendard |
Sur les conseils de l'un de mes collègues de Toa Payoh, j'avais choisi d'assister à une représentation du Worker Party pour mon tout premier rally politique, à Singapour de surcroît. Tout m'intriguait dans ce parti:
le nom tout d'abord (comment? des communistes à Singapour !? La peste rouge au cœur du système capitaliste !!?),
le logo également (un joli marteau que je ne connaissais pas) et
les arguments qui semblaient en mesure de contre-balancer la suprématie de la machine de guerre politique qu'est le PAP.
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Voiture rabatteuse du Worker Party! |
Pour ce faire, j'avais enfilé ma tenue de jeune reporter au Petit Vingtième, revêtu le kit Nikon D500+ sac à dos et objectif 70-300mm. J'étais fin près pour de nouvelles aventures. Une fois identifié le trajet, je suis monté à bord du MRT, direction le Nord de Singapour et les cités-dortoirs. Plus vous vous éloignez de la City et plus les barres d'HDB poussent de terre, s’étalent à perte de vue et ne laissant présager qu'un horizon d'habitations sans fin. Après un rapide coup d’œil sur la carte, je décida de déambuler au milieu des immeubles et de rejoindre le meeting à pied. Même sentiment que pendant un voyage dans un pays étranger: rien ne ressemble à l'endroit que vous connaissez, on parle de tout sauf de l'anglais, les gens ont l'air encore plus étonné que moi en me voyant et doivent penser que je me suis perdu. En demandant mon chemin à un couple d'Indiens,j'ai pu lire dans leurs yeux tour à tour la surprise, la curiosité puis le vide, n'ayant aucune idée de l'endroit où se tenait le rally. Après plusieurs centaines de mètres au milieu de la cité, j'aperçu une voiture rabatteuse du WP, me permettant de reprendre espoir quand à la tenue du meeting.
Et soudain, la lumière. Sur une lueur de crépuscule, je suis retrouvé dans un flot de badauds arrivant de nul part et se rendant à un point bien précis en haut d'une colline. Emboitant le pas des compatriotes singapouriens, je fus pris dans ce tourbillon qui vous pousse à hâter le pas sans même savoir pourquoi, avec le même engouement que pour assister à un concert de U2 ou à un match du FCNantes (des grandes années).
C'est alors que je découvris un stade municipal bondé de spectateurs, de la piste d'athlétisme aux tribunes. Les plus courageux attendaient patiemment de pouvoir entrer par le fin couloir qui menait à l'enceinte sportive, les autres se contentaient des places sur la colline qui surplombait le stade.
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Nouveau jeu: Mais où est Chan Li? |
Une foule compacte de spectateurs occupait le stade, agitant de petits drapeaux bleus ciels et reprenant en cœur les slogans politiques que les harangueurs de foule du premier rang faisaient passer. Au milieu de tout cela, je marchais, amusé par tout ces gens, en essayant de savoir qui ils étaient et ce qu'ils faisaient là. Assez clairement, il y a avait une base de citoyens simples, plus proches des classes populaires que des hautes strates. Pour la seconde fois de la journée, je me suis senti seul, seul caucasien au milieu de cette océan d'asiatiques. Ce qui est drôle c'est qu'à Singapour les gens font de la politique comme ils choisissent un marque de lessive: ils essayent, comparent, et choisissent celui qui offre le plus sur le critère voulu. Jusque là, rien ne me choque, mais ce qui est drôle c'est que pendant la semaine de rally, de nombreux collègues arpentaient les différents meeting, me donnant plus une impression d'éparpillement de leur vote que d'un support donné à UN parti en particulier. C'est peut être aussi une bonne façon de faire de la politique, tout essayer puis décider. Par contre, pour la représentativité, c'est moyen. Comment estiment ils leur nombre de votant si chacun voit plus de 3 partis différents?
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Indiana TAN supporte le WP |
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Jeune supportrice du WP |
Après avoir bravés les slogans populistes tels que "
Foreigners, go home!!" repris par des milliers de personnes, moi inclu (et oui, pour faire diversion...), j'ai décidé de mettre fin à cette première soirée politique, les yeux remplis d'images à faire partager.
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Les badauds débrouillards |
"Y'en a un petit peu plus, je vous le laisse!?" Petit clin d’œil amusant, à la sortie du stade, les marchands des temples que Jésus aurait surement chassés étaient bien là, près à récupérer les deniers faciles des concitoyens. L'un des stands attira mon attention, en abordant les jeunes spectateurs et en leur proposant... un tee-shirt "Voteur Vierge"! Pour la modique somme de $10.00, vous pouviez faire l'acquisition d'un ma-gni-fique tee-shirt avec écrit dans le dos: "On n'oublie jamais sa première fois". Dès qu'il y a de l'argent à se faire, il y a un chinois!
Enfin, pour terminer le premier volet de la tétralogie politique à Singapour, voici une des images qui a circulé sur les blogs singapouriens de l'opposition: même stade, même horaire, à un jour près et surtout à un programme politique près! Wo'ker Pa'ty! Wo'ker Pa'ty!
Prochaine édition, prochaine émission:
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